Vous avez aimé les élections communales et régionales de 2015? Vous allez adorer les élections législatives de 2016. Il faut reconnaître que les résultats du dernier scrutin et ses rebondissements contiennent tous les éléments dramatiques d’une fiction politique. On y retrouve du suspense, des trahisons, des personnages de l’ombre, des romantiques, des cyniques, des bouffons et des antihéros. On regrette que la télévision, le cinéma ou la littérature ne puissent s’emparer de cette matière si riche et foisonnante. Pour rester dans le registre de la fiction, le scrutin du 4 septembre est la saison 1 qui annonce une deuxième saison, non moins passionnante, celle des élections de 2016.
Car ce qu’il s’est passé durant les deux dernières semaines aura certainement un impact décisif sur le déroulement d’une séquence politique qui se profile. Tout d’abord, il y a la mise en place d’un combat de titans entre deux grands partis : le PJD et le PAM. Le premier est dominant dans les villes, fort de la popularité de son chef et d’un référentiel idéologique clair et attractif. Le second est une redoutable machine électorale, disposant d’un réseau de notables, implantés notamment dans le monde rural et capables d’exercer une prédation sur les autres partis pour subtiliser leurs meilleurs candidats. Une bipolarité qui rappelle, à certains égards, la situation politique au Maroc après l’indépendance. Le PJD occupe ainsi le rôle de l’UNFP, parti idéologique populaire dans les villes, et le PAM en nouveau FDIC, formation de notables dominants dans le monde rural. Mais la comparaison s’arrête là.
L’État n’a plus la capacité d’intervenir en faveur d’un parti ou d’un autre, comme c’était le cas dans les années 1960 quand il a fait triompher le FDIC, et les citadins sont désormais plus nombreux que les ruraux. Les deux partis seront donc les deux principaux protagonistes de la prochaine bataille électorale. Les autres formations doivent marcher dans leur sillage et choisir leur camp. Un rapport de suzeraineté est désormais en marche. Les manœuvres de Hamid Chabat, qui a enterré subitement la hache de guerre contre le PJD, les risques pris par le RNI en compromettant la pérennité de l’alliance gouvernementale, et l’alignement total du PPS sur les positions du PJD préfigurent déjà les positionnements à venir. Une partition où chacun aura son rôle à jouer. Toutes les cartes seront abattues et les deux challengers doivent préparer un combat, long et coriace, pour prendre les rênes du pouvoir. Spectacle assuré.