« Le Maroc n’a pas avancé ». C’est, en résumé, le constat dressé, le 30 juin, par le mouvement Al Adl Wal Ihsane (AWI) sur l’évolution de la situation politique et économique du royaume depuis la promulgation de la nouvelle Constitution en juillet 2011.
Un texte, pour lequel les membres du mouvement n’ont pas voté, car le Conseil constitutionnel chargé de sa rédaction a été « désigné par le roi » et ne représente pas les forces politiques du pays selon Abdelwahed Moutawakil, directeur du cercle politique de la Jamaâ qui intervenait à l’occasion d’une réunion tenue au siège d’AWI. Ce dernier estime d’ailleurs que le texte n’est pas issu d’une volonté de réforme des autorités, mais de « la pression du Mouvement du 20 février ». Une pression qui n’a néanmoins pas été efficace puisque la Constitution est, selon Moutawakil, une « astuce permettant au pouvoir de gagner du temps ».
Environ quatre ans après la promulgation du texte, le directeur du cercle politique de la Jamaâ pense que la situation politique reste inchangée puisque « le palais et son entourage contrôlent toutes les institutions officielles, l’économie, la presse et disposent de réelles informations (statistiques, ndlr) concernant le pays ». Le responsable d’AWI estime également que la nouvelle Constitution est un échec puisque les personnes « qui l’ont soutenue se plaignent de son application ».
AWI n’entrera pas dans le champ politique
Autre objet de critique pour le mouvement: le paysage politique marocain. Celui-ci serait victime d’une baisse du niveau du discours politique selon Abdelwahed Moutawakil : « Hassan II, Dieu ait son âme, avait qualifié le parlement de « cirque » de son vivant. Je me demande ce qu’il penserait de la situation actuelle ».
Néanmoins, cette chute du niveau du discours politique ne semble pas encourager AWI à intégrer le champ politique du royaume, car « aucun changement n’est possible depuis l’intérieur » selon le directeur du cercle politique de la Jamaâ. À titre d’exemple, le responsable du mouvement cite deux expériences gouvernementales qui, selon lui, constituent des échecs : le gouvernement d’alternance dirigé par Abderrahman Youssoufi et le gouvernement islamiste d’Abdelilah Benkirane. Pour le responsable d’AWI, l’USFP et le PJD ne sont jamais parvenus à faire imposer leurs idées et ont été « absorbés par le Makhzen » qui agit « comme un serpent qui avale tous ceux qui l’approchent».
« Imposer le changement au lieu de le subir »
Mais alors quelle est la solution à ce marasme politique selon la Jamaâ? « Al Adl Wal Ihsane souhaite la mise en place d’une vraie démocratie. Il faut mettre en place un front uni représentant toutes les forces politiques du royaume » affirme Omar Ahardane, responsable du service presse d’AWI. Ce front devrait, selon le représentant du mouvement, « lutter contre la corruption et la tyrannie » mettre en place « une séparation effective des pouvoirs » et « imposer le changement au lieu de le subir ».
La réunion tenue le 30 juin était également l’occasion d’avoir l’avis des représentants de la Jamaâ sur certains sujets de société suscitant le débat au Maroc comme le film Much loved de Nabil Ayouch, la polémique Jennifer Lopez au festival Mawazine, ou encore l’interpellation de deux femmes habillées en robe à Inezgane. Pour le mouvement, ces évènements figurent dans un « agenda politique »servant à « détourner l’attention des gens afin qu’ils ne se concentrent pas sur les problèmes du pays comme la santé, l’éducation et la politique ». Des problèmes pour lesquels le mouvement n’aurait pas « de solutions concrètes» s’il était au pouvoir.
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