La décompensation du gaz butane aura lieu d’ici la fin de l’année 2015. Cette annonce, qui contredit les affirmations du chef du gouvernement, a été faite le 23 juin par le ministre des Affaires générales, Mohamed El Ouafa, au parlement. L’ancien membre de l’Istiqlal a justifié cette décision par le fait que seulement 38% des ménages marocains utilisent le gaz butane. Le ministre a précisé que cette décompensation se fera à travers la défalcation de la facture d’électricité d’un groupe cible.
Le gaz butane ne devrait pas être le seul produit à ne plus être compensé dans les prochains mois. Selon El Ouafa, qui répondait aux questions des députés du PJD, il est nécessaire de décompenser la farine dont la consommation annuelle est estimée, par le ministre, à 35 millions de quintaux par an. Le responsable des Affaires générales a également remarqué que sur cette quantité, 8 millions de quintaux étaient déjà distribués à prix reduits aux communes les plus défavorisées. Pour le sucre, le ministre prévoit de ne décompenser que le pain de sucre (9alleb). Concernant la décompensation de ces deux produits, Mohamed El Ouafa n’a communiqué aucune date. Durant son intervention, le ministre a affirmé qu’une commission spécialement chargée de la décompensation travaille sur le dossier.
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« Les rapports de la Cour des comptes ne sont pas le Coran »
L’ancien ministre de l’Éducation a aussi donné son avis sur la Cour des comptes en déclarant que les rapports effectués par la Cour des comptes ne « sont pas le Coran ». Le responsable des Affaires générales y est même allé d’une pique en clamant « si Driss Jettou sait tout, la Cour des comptes n’a qu’à diriger le pays ».
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Une situation économique « comparable à celle de la Grèce »
Durant son intervention devant les parlementaires du parti de la lampe, le ministre des Affaires générales est également revenu sur les premiers mois d’Abdelilah Benkirane au pouvoir. Mohamed El Ouafa a ainsi confié que lors de la nomination du chef du PJD au poste de Chef du gouvernement, l’économie marocaine était dans une situation catastrophique « comparable à celle de la Grèce ».
À titre d’exemple, le ministre des Affaires générales a mentionné la situation financière d’un organisme public, l’ONEE, qui avait envisagé de couper l’électricité pour une durée de cinq à six heures par jour. Mais, la situation de l’ONEE s’est depuis améliorée grâce aux « décisions courageuses du gouvernement ».
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Lors de son passage devant les parlementaires du PJD, le ministre en a aussi profité pour s’en prendre de manière indirecte à ses anciens camarades de l’Istiqlal. Interrogé sur les raisons de l’augmentation de la dette extérieure, l’ancien ministre de l’Éducation n’y est pas allé par quatre chemins : « ces dettes sont contractées pour rembourser d’autres emprunts émis par les gouvernements précédents. Si l’opposition continue de se plaindre, on va tout révéler à leur sujet ».
Mohamed El Ouafa, un fan inconditionnel d’Abdelillah Benkirane
Le ministre des Affaires générales a eu des airs de militant du PJD lorsqu’il a évoqué la politique du royaume. L’ancien ministre de l’Éducation a notamment demandé aux députés du parti islamiste d’être fiers « de Benkirane et du gouvernement » et d’afficher cette fierté lors de la période électorale qu’il a comparée à une « guerre civile ».
Clairement mué en militant du parti de la lampe, le ministre des Affaires générales a ensuite félicité les parlementaires du PJD pour leur « attitude au parlement » où ils se sont distingués par leur « honnêteté », leur « sérieux » et leur « discipline ». Un comportement qui diverge, selon El Ouafa, de celui de certains partis « traditionnels » qui sont « gangrénés » par l’argent et la volonté de décrocher des sièges au parlement par tous les moyens. Le ministre est revenu sur l’attitude de l’un de ces partis en évoquant la crise gouvernementale : « j’étais contre un courant qui voulait que le pays traverse une crise politique. Ce courant allait faire la plus grosse erreur politique et stratégique de l’histoire du pays ». Une déclaration qui explique sans doute le refus de Mohamed El Ouafa de démissionner de son ancien poste de ministre de l’Éducation lors du retrait de l’Istiqlal du gouvernement.
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