Sarim Fassi-Fihri avoue à demi-mot que la censure de «Much loved» est illégale

Le CCM n’a pas donné son avis sur la diffusion de Much loved, comme le prévoit pourtant la loi. Le gouvernement a pris seul la décision de le censurer.

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La décision du ministère de la Communication d’interdire Much loved, le film de Nabil Ayouch sur la prostitution, semble illégale. Pour se justifier, le ministère de Mustapha El Khalfi ment à plusieurs reprises dans son communiqué.

Tout d’abord, il explique que cette décision fait « suite aux conclusions d’une équipe du Centre cinématographique marocain (CCM) ». Mais cela est faux, d’après le directeur général du CCM. Au HuffPost Maroc, il explique que « le ministère de la Communication nous a en effet appelés, pour savoir si les extraits vidéo diffusés depuis quelques jours sur la toile étaient bien présents dans Much loved. Nous lui avons répondu ‘oui’, et c’est sur cette base que le ministère a décidé d’interdire la diffusion du film au Maroc ». Le CCM n’a donc pas donné son avis.

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Ensuite, dans son communiqué, le ministère explique que cette décision émane « des autorités marocaines compétentes ». Ce qui est encore faux. L’autorité compétente pour autoriser ou non la diffusion d’un film est la commission de visionnage des films cinématographiques (dont l’un des membres est du Ministère de la Communication). Et Sarim Fassi-Fihri l’avoue dans une interview accordée à Maroc Hebdo, sans explicitement parler de mensonge :

Il s’agit d’une décision du gouvernement marocain.

Ce mensonge révèle donc un autre problème: l’illégalité présumée de la décision. En effet, l’article 8 de la loi 20-99 relative à l’industrie cinématographique. « Toute exploitation commerciale d’un film cinématographique […] est délivré à l’obtention d’un visa […] sur décision d’une commission ». L’autorisation ou le refus dépend donc de cette commission. La loi 20-99 ne précise pas la possibilité pour le ministère de refuser seul cette exploitation commerciale.

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  • Dit-il en navigant sur les différentes catégories de sites pour adultes trois fois par semaine, si l’hypocrisie était une énergie exploitable, le Maroc serait enfin autosuffisant. Ce qui nuit à l’image de la société et du pays c’est la dictature, la censure, l’hypocrisie olympique des marocains. Combien de marocains seraient allé le voir au cinéma ? Censurer un film sans aucune base légale avec des motifs qui relève de la blague aura l’effet inverse, avec tout le bruit qui a été fait autour tout le monde va s’empresser d’aller le voir sur internet et dans les salles de cinéma à l’étranger et ça prouvera bien qui sont les idiots dans cette histoire …