Le cœur serré, une émotion sincère et probablement des larmes en voyant deux photos : la première est celle d’enfants, souriants et radieux après avoir participé à une compétition sportive, et la deuxième, triste et macabre, où l’on voit les petits corps couverts de ces mêmes enfants, morts après un terrible accident de la route à Tan-Tan. Des enfants, leurs encadrants et des athlètes emportés par le choc et les flammes. Les 34 personnes fauchées par cet accident font partie du long tribut payé sur nos routes. Chaque année, plus de 4000 Marocains décèdent à cause des accidents de la circulation. Pas besoin de Daech ou de guerre civile pour semer la mort et la désolation, car avec nos voitures, nos camions et nos motos, on fait pire et on pulvérise les bilans les plus meurtriers.
Mais au-delà de l’émoi et la douleur, le drame de Tan-Tan nous interpelle sur le comportement de nos hommes politiques et le rapport de l’État marocain avec des événements de cette nature. Au moment de l’écriture de ces lignes, les conclusions de l’enquête chargée de dévoiler les responsabilités de l’accident ne sont pas encore révélées. Néanmoins, cela n’empêche pas d’observer chez notre gouvernement et nos ministres l’absence de réactions dignes et à la hauteur des fonctions dont ils ont la charge. Une carence qui frôle presque l’indifférence. Face à un drame pareil, les responsables politiques se sont contentés de déclarations courtes et évasives, affichant un manque total de compassion avec les victimes. Sous d’autres cieux, où les individus ont plus de valeur et d’intérêt, les ministres auraient été sur le qui-vive et des responsabilités auraient été engagées rapidement.
Car c’est de cela dont il s’agit en fait : de responsabilité et d’assumer le fardeau de son statut. On a assisté alors à des effondrements d’immeubles avec leurs habitants, des accidents qui fauchent des dizaines de personnes, des inondations qui emportent des vies et des biens…sans que jamais un ministre, un élu ou un responsable de premier rang n’ait le courage d’assumer sa part de responsabilité et de l’accepter. Nos dirigeants ne retiennent de leurs fonctions que les honneurs et les privilèges, mais n’en admettent pas le poids des défaillances et des échecs. Les mots « démission », « mea culpa » ou « excuses » sont bannis du lexique politique marocain. Même quand Mohamed Ouzzine, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, a été démis de son poste, c’était pour avoir « nui » à l’image du Maroc à l’étranger, et non pas pour une faute à portée nationale ou locale. Les drames se succèdent et se répètent, la faute à pas de chance, à la nature, au petit fonctionnaire, au maçon ou au chauffeur, mais jamais à nos imperturbables et irréprochables hommes politiques.