Tuerie de Garissa: la toile dénonce le deux poids deux mesures

Le massacre de Garissa semble susciter beaucoup moins d’intérêt que l’attentat contre Charlie Hebdo. Des internautes se mobilisent et accusent les médias.

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L'image a été reprise de nombreuses fois sur les réseaux sociaux.

#JeSuisCharlie. En janvier dernier, le hashtag avait été repris des milliers de fois seulement quelques heures après l’attentat commis à l’encontre de la rédaction du magazine satirique français Charlie Hebdo.

148. C’est le nombre de victimes du massacre de l’université de Garissa, au Kenya, réalisé le 2 avril par un commando shebab. Neuf fois plus de victimes que les attentats de Paris, et pourtant, une mobilisation beaucoup moins importante, aussi bien au sein de la communauté internationale que sur les réseaux sociaux.

Les internautes ont commencé à se mobiliser le jour de l’attaque, mais dans une moindre mesure. La mobilisation de masse n’a débuté qu’un ou deux jours après. #JeSuisKenyan a été lancé par un Kenyan le jour même. Mais 24 heures après l’attentat, il n’était repris que 7 000 fois, contre 5 millions de #JeSuisCharlie en trois jours.

La faute aux médias ?

Du coup, si les internautes s’expriment, c’est surtout pour dénoncer la couverture médiatique de l’événement. Les chaînes de télévision n’ont ainsi pas réalisé d’émission spéciale. Des hashtags vindicatifs ont alors été lancés, à l’image de #147notjustanumber (devenu depuis #148notjustanumber), ou encore #TheyHaveNames.

Des internautes ont choisi de mettre le drapeau kenyan en photo de leur profil Facebook, d’autres ont préféré le « Je suis Kenyan » avec la même typographie que « Je suis Charlie » ou « Je suis Bardo ». Des proches des victimes ont aussi publié des photos de ces dernières, adossées au hashtag #147notjustanumber. A l’heure actuelle, ce hashtag a été utilisé près de 75 000 fois, avec un pic de 28 000 rien que pour la journée du 5 avril.

Le caricaturiste algérien Dilem a caricaturé un jihadiste qui se gratte la tête, l’air décontenancé : « Tu casses une statue et toute la planète réagit, tu massacres 147 étudiants et tout le monde s’en fout », indique la bulle au-dessus de sa silhouette, faisant référence à l’indignation suscitée par la destruction du musée de Mossoul en Irak. Le dessin a fait le tour du net.

Et les chefs d’État alors ?

Quatre jours après les attentats de Paris, des dizaines de chefs d’État s’étaient réunis pour une marche symbolique dans la capitale française. Or, après le massacre de Garissa, les chefs d’État étrangers se font plus silencieux, y compris les Africains. Comme le remarque le journal français Libération, l’écrivain Alain Mabanckou a ainsi posté une photo des chefs d’États africains présents à la marche du 11 janvier à Paris, accompagnée de ce commentaire : « Ces présidents africains étaient en France pour #JeSuisCharlie, ils ne sont pas allés au Kenya». L’image est barrée d’un bandeau « honte de l’Afrique ».

Et près d’une semaine après l’attaque sanglante, des manifestations commencent à être organisées dans différentes capitales. Un rassemblement est par exemple organisé à Paris ce mercredi 8 avril par l’association Active Generation : « On apporte un soutien technique à des causes humanitaires », explique l’un des membres Baki Youssoufou à la radio RFI. Mais dans le cas du Kenya, cela a été quelque peu différent, ajoute-t-il : « Des Kenyans nous ont demandé de déclencher une mobilisation. Ils avaient l’impression que vraiment pas grand monde ne faisait des choses. »

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