Au Kenya, les islamistes shebab somaliens tuent 147 personnes

Au moins 147 personnes, principalement des étudiantes, ont été tuées jeudi à l'université de Garissa, au nord-est du Kenya, attaquée à l'aube par un commando d'islamistes shebab.

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Au moins 147 personnes, principalement des étudiantes, ont été tuées jeudi au nord-est du Kenya par un commando d'islamistes shebab.
Un étudiant blessé à son arrivée à l'hôpital national Kenyatta à Nairobi. Crédit: AFP/Stringer

Les islamistes somaliens shebab ont revendiqué l’assaut lancé jeudi à l’aube contre l’université kényane de Garissa, à environ 150 km de la frontière somalienne. « Le Kenya est en guerre avec la Somalie (…) nos hommes sont encore à l’intérieur et combattent, leur mission est de tuer ceux qui sont contre les shebab », a déclaré par téléphone à l’AFP un porte-parole du groupe islamiste, Cheikh Ali Mohamud Rage, qui a également précisé que les assaillants ont libéré les musulmans et gardé les autres en otage.

Quatre assaillants ont finalement été tués, a annoncé le ministère de l’Intérieur kenyan Joseph Nkaissery, qui a fait en outre état de 79 blessés, dont neuf dans un état critique.

Les assaillants ont pris le campus d’assaut vers 05h30 (02h30 GMT). Ils ont tiré sur deux gardes à l’entrée, puis ouvert le feu au hasard, avant de pénétrer dans la résidence universitaire qui héberge plusieurs centaines d’étudiants. Une explosion a également été signalée.

La Croix-Rouge a fait état d’un « nombre indéterminé d’étudiants otages » sur le campus. « Cinquante étudiants ont été libérés », a ajouté la Croix-Rouge, sans préciser dans quelles circonstances, alors que les forces de sécurité tentaient toujours à la mi-journée de déloger les assaillants, près de huit heures après le début de l’attaque. Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs fait état de « 587 étudiants évacués » du campus, sans préciser si ces étudiants figuraient parmi les otages que les shebab disaient détenir ou s’il s’agissait d’étudiants cachés durant l’attaque.

Selon la Croix-Rouge, le bâtiment dont les assaillants ont pris le contrôle abrite des chambres d’étudiantes.

Assaillants retranchés

Le ministère kényan de l’Intérieur a affirmé sur Twitter que « trois des quatre bâtiments » de la résidence universitaire avaient été « évacués », sans autre détail. « Les assaillants sont retranchés dans l’un des bâtiments et les opérations continuent » pour reprendre le contrôle du campus, a-t-il poursuivi.

La zone autour du campus, constitué d’un vingtaine de bâtiments et située à environ un kilomètre du centre-ville de Garissa, était totalement bouclée et les médias tenus à l’écart.

Les islamistes somaliens shebab ont multiplié les attentats sur le territoire kényan depuis 2011, jusqu’à Nairobi et sur la touristique côte du pays, notamment à Mombasa, principal port d’Afrique de l’Est.

Ils ont notamment revendiqué le spectaculaire assaut en septembre 2013 contre le centre commercial Westgate de Nairobi (67 morts) et une série de raids sanglants contre des villages de la côte kényane en juin-juillet 2014 (au moins 96 personnes froidement exécutées).

Les zones kényanes situées le long des quelque 700 km de frontière avec la Somalie – particulièrement les régions de Mandera et Wajir (nord-est) ainsi que celle de Garissa – sont le plus régulièrement la cible d’attaques.

Fin novembre, après que les shebab eurent exécuté 28 passagers d’un bus – essentiellement des professeurs – près de Mandera, des syndicats de médecins, dentistes et professeurs avaient conseillé aux membres de leurs professions de quitter les zones frontalières de la Somalie tant que les autorités kényanes ne pourraient pas assurer la sécurité.

En février dernier, quelque 200 professeurs travaillant dans la partie nord-est du Kenya avaient manifesté à Nairobi pour réclamer leur réaffectation, se disant « traumatisés » par les attaques récurrentes.

« On ne sait jamais quand ils (les shebab) vont frapper », avait expliqué l’un d’eux.

« Le Kenya est aussi sûr que n’importe quel autre pays dans le monde », avait assuré mercredi le président kényan Uhuru Kenyatta, après que Londres eut émis de nouvelles mises en garde à ses citoyens sur la sécurité au Kenya.

Au moins 200 personnes ont été tuées et au moins autant blessées en 2014 au Kenya dans des attaques revendiquées par les shebab ou qui leur ont été attribuées, selon un décompte établi par l’AFP.

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