Zakaria Boualem vous propose cette semaine un nouveau point d’étape en direct de son observatoire penché de contrôle de la construction du Maroc Moderne. Il prend cette mission très au sérieux, il est même prêt à embaucher du monde, gardez ça en tête. Voici donc le résultat de cette semaine de travail, allons-y sans plus de formalités, il y a un pays à construire les amis.
La première information de la semaine nous vient de Finlande, qui estime que l’enseignement par matière est dépassé. Ce peuple inspiré a décidé de regrouper les matières en modules. Voici un exemple : « Un étudiant de la filière professionnelle peut prendre comme cours “service de cafétéria”. Ce cours transversal permet à l’étudiant d’apprendre les mathématiques et les langues pour servir des clients étrangers, ainsi que des compétences en écriture et en communication ». A la lecture de cette information, Zakaria Boualem a été saisi de vertige. Il s’est aussitôt demandé ce que pourrait donner une telle approche chez nous. Car il faut profiter de notre retard pour copier l’avant-garde, c’est la seule option possible. Un module administration, avec des notions de tamponnage de papier, créativité absurde et comptabilité, ou un module politique, incluant les compétences de sortage des yeux, langue de bois et, oui, encore comptabilité. On a un peu de mal à imaginer le module football, mais il semble qu’il devrait inclure des compétences de détection de micro, et un peu de droit international. Ce serait somptueux.
La seconde information est celle de la Confédération africaine de football, qui aurait produit un enregistrement auprès du Tribunal arbitral du sport pour justifier les sanctions qui nous frappent. Qu’y a-t-il donc dans ces enregistrements ? La description d’une félonie, un coup bas de la CAF qui aurait demandé à notre président de la fédération la vraie raison du report de la CAN ? Lekjaâ serait-il tombé dans le piège tendu par les hommes de Issa Hayatou et donné d’autres raisons justifiant la décision de report. Rappelons que la raison officielle, c’était Ebola (rires). Notre football a définitivement basculé dans le monde du complot et l’espionnage. Il n’est plus question de 4-3-3, ni de hors-jeu passifs, mais d’enregistrements clandestins, de tribunaux et de secrets d’Etat. Oui, chez nous, on peut parler deux heures de foot sans jamais évoquer le ballon, on est dans autre chose. On n’est pas sûr que ce soit un progrès.
Terminons sur une note positive, avec l’annonce par la presse nationale de la création du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) qu’on nous présente fièrement comme notre FBI à nous. Il s’agit, nous explique le communiqué, d’une « infrastructure sécuritaire qui permet d’apporter des réponses appropriées à des menaces à caractère mutant ». La seule lecture d’intitulé de la mission a considérablement rassuré le Boualem. Il souhaite de tout cœur une destinée glorieuse à ses fins limiers, vraiment. Si ça ne tenait qu’à lui, il réaffecterait avec enthousiasme à ce nouvel organisme tous les policiers chargés de vérifier les actes de nikah des couples interceptés dans la même voiture, ceux qui travaillent sur la conformité aux bonnes mœurs, etc. Ils rendront un service plus glorieux à la patrie en s’attaquant aux menaces à caractère mutant. Voilà, c’était sa suggestion pour l’accélération du processus d’édification du Maroc Moderne, et merci.