« Le Maroc doit refuser le rôle du gendarme de l’Europe et doit rompre avec une approche sécuritaire qui complique l’intégration des migrants au lieu de la faciliter », a souligné Amina Bouayach, secrétaire générale de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) ce lundi 30 mars lors d’une conférence de presse organisée à Rabat conjointement avec le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem).
La FIDH présentait son rapport sur l’opération exceptionnelle de régularisation des migrants mise en place en 2014. Étaient initialement concernés par cette campagne de régularisation les conjoints de Marocains ou conjoints d’autres étrangers en résidence régulière au Maroc et leurs enfants, les étrangers disposant de contrats de travail effectifs, les étrangers justifiant de cinq ans de résidence continue, et les étrangers atteints de maladies graves.
Des insuffisances selon les associations
Mais après la mise en place d’une instance d’appel, la Commission de suivi et de recours, en juin 2014, la campagne a changé, rappelle le FIDH. Les populations fragiles, notamment les femmes (5 060 titres attribués), les enfants, les hommes avec une famille à charge, ainsi que des responsables d’associations de migrants ont été régularisés. Les personnes régularisées ont reçu un titre de séjour, d’abord valable pour un an, mais qui, selon les déclarations du gouvernement de février 2015, sera renouvelé automatiquement à son expiration. Finalement, près de 18 000 demandes sur un total de 27 300 dossiers déposés ont été satisfaites, souligne le rapport.
« D’après nos estimations, il y a près de 9 000 dossiers de régularisation encore en souffrance », a déclaré la secrétaire générale de la FIDH. « La commission de recours doit se réunir et traiter ces dossiers », a-t-elle ajouté. « Le nombre de bénéficiaires a été bien moindre à ce qui a été estimé au départ », a renchéri le secrétaire général du Gadem, Hicham Rachidi.
Lire aussi : Le CNDH relève des défaillances dans la régularisation des migrants
« Ces dossiers sont en cours d’examen et de finalisation », a assuré pour sa part dans une déclaration à l’AFP le directeur des affaires migratoires au ministère des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration, Ahmed Skim. L’opération de régularisation a « adopté des critères souples fondés sur une philosophie humaniste », ajoute-t-il, réfutant tout retard.
La FIDH s’est en outre inquiétée d’« opérations massives d’arrestation » en faisant référence à l’interpellation de centaines de migrants après leur évacuation en février de la forêt de Gourougou, près de Nador.
Lire aussi : Démantèlement des camps: deux migrants témoignent
Parmi eux, 400 seraient encore détenus, selon Hicham Rachidi. « Cette opération avait pour but de soustraire les migrants qui vivaient dans des conditions inhumaines des mains des réseaux mafieux » de traite humaine, a justifié pour sa part Ahmed Skim.
Lire aussi : Une première : un juge enquête sur la détention de migrants
Yassine Alaoui Fdili, avec l’AFP
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer