Le chef de la diplomatie marocaine Salaheddine Mezouar a accordé une interview au quotidien français Le Monde, publiée dans son édition du 3 février. Une interview dans laquelle il revient sur l’accord conclu le 31 janvier entre le ministre de la Justice Mustapha Ramid et son homologue française Christiane Taubira, alors que la coopération judiciaire entre le Maroc et la France était interrompue depuis presque un an. Il évoque notamment « l’élément déclencheur » de la crise entre les deux pays, la convocation « cavalière » d’Abdellatif Hammouchi après le dépôt d’une plainte pour torture à Paris contre le chef des renseignements marocains en février 2014.
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Le ministre a ainsi regretté « que l’on puisse porter atteinte à l’intégrité et à la dignité d’un haut responsable qui a toujours aidé la France », qualifiant d’inacceptable le fait « que la justice française soit utilisée pour porter atteinte à d’autres. »
« Le Maroc exige la considération »
A propos de la rumeur concernant la demande d’immunité du royaume pour tous ses responsables, le ministre y fait allusion en déclarant que « le Maroc exige le respect, la considération. Il ne demande ni immunité ni impunité ». Tout en soulignant que le déblocage de la situation, à savoir la reprise de la coopération judiciaire entre les deux pays, s’est fait grâce à la prise de conscience des Français « qu’il ne s’agissait pas d’une saute d’humeur du Maroc mais d’une exigence liée à une demande de respect : de nos institutions, de notre cadre judiciaire, de nos engagements mutuels. »
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Par ailleurs, quant à la question de savoir si pareil incident pourrait avoir à nouveau lieu, Salaheddine Mezouar est resté énigmatique : « Il ne pourra pas se reproduire de la même manière », a-t-il sobrement déclaré.
Le rapprochement de la France avec l’Algérie n’a pas été oublié. Salaheddine Mezouar a noté « qu’effectivement l’Algérie a cherché à utiliser ce rapprochement pour nuire au Maroc et à la relation franco-marocaine ».
« La France n’est pas la conscience du monde »
Le ministre des Affaires étrangères a enfin expliqué à nouveau la position du Maroc par rapport à la marche républicaine du 11 janvier à Paris. Présent ce jour-là à Paris, le ministre avait choisi de ne pas y participer. Il s’est justifié en expliquant qu’y participer aurait « touché la sensibilité » des Marocains, considérant que les manifestants parisiens qui auraient brandi des caricatures de Mahomet outrepassaient les limites de la liberté d’expression : « La liberté doit aussi respecter la liberté des autres. Il ne faut pas considérer sa liberté comme la seule vérité. La France n’est pas la conscience du monde. »
Il est 100/100 raison bravo monsieur le ministre