Les rencontres photo d'une Française au Maroc

Pascale Sablonnières s'apprête à publier un livre de photographies et de récits issus de son premier voyage au Maroc.

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Une-de-Maroc-je-regarde-ailleurs©-Pascale-Sablonniere
Une de "Maroc je regarde ailleurs" © Pascale-Sablonnière

Elle devait aller jusqu’au Sahara pour photographier le désert, les rencontres et aléas l’ont rattrapée et elle n’est finalement pas allée plus bas que Fès. La photographe française Pascale Sablonnières a eu un coup de cœur pour le Maroc lors de son premier voyage en 2013. De ses rencontres et sensations va naître son premier livre, Maroc je regarde ailleurs.

Après vingt ans de photographie, surtout pour la presse, la Française de 56 ans se trouvait en Espagne lorsqu’elle a décidé de se rendre au Maroc par bateau. « Je suis arrivée à Tanger avec l’idée en tête d’aller jusqu’au désert ». Si elle nous avoue collectionner les sables, c’est aussi pour une autre raison qu’elle voulait se rendre dans le désert :

J’aime beaucoup photographier les gens mais paradoxalement j’aime aussi les lieux où il n’y a rien. J’aime photographier des choses sensibles mais non visibles. J’ai par exemple fait un sujet sur les radios il y a des années de ça. C’est ambitieux mais j’aime voir ce que l’on peut faire avec des choses à peine visibles.

© Pascale Sablonnières
© Pascale Sablonnières

Elle a alors eu un coup de foudre pour le Maroc : « C’est encore plus beau que ce que j’imaginais », nous confie-t-elle. Mais finalement, les rencontres l’ont arrêtée en cours de route. Et c’est durant son périple qu’elle a pris ces séries de photos. Elle ne regrette pas à seul moment avoir dévié de son objectif initial : « Cette quête du Sahara peut encore durer très longtemps. Si des choses m’arrêtent, c’est peut-être qu’elles me sont nécessaires », se persuade même la photographe. Elle aime réaliser ce qu’elle appelle des journaux de voyage : « Je vais voir des choses qui ne sont pas des événements, je ne suis pas une reporter, je ne fais pas de la documentation, pas non plus dans la photo de tourisme pur et dur, qui ne montre que les belles choses qui sont considérées comme les plus agréables ».

Une campagne de crowdfunding pour financer la sortie du livre

Dans son livre d’une cinquantaine de pages, elle publie ses photos (paysages, objet, ambiance, personnages) mais aussi des récits de rencontres, qu’elle n’a pas forcément pu prendre en photo : « Dans un hammam j’ai rencontré une mère et ses filles, c’était un très bel échange mais je n’avais pas d’appareil sur moi. On était nues, il y a eu une telle générosité lors de cet échange, elle m’a frottée, je l’ai frottée avec maladresse. On était pareilles avec nos différences. Donc dans mon livre, j’ai écrit aussi de courts récits comme celui-ci dans lesquels je raconte des choses qui ne sont pas visibles », nous explique Pascal Sablonnières.

Ces textes datent de l’hiver 2013, juste après son retour du Maroc et elle s’est refusée à les retoucher, même si elle avoue trouver quelques phrases « naïves » avec le recul. « Mais je ne veux pas trahir ces premières impressions », nous raconte-t-elle.

© Pascale Sablonnières
© Pascale Sablonnières

Le livre, édité par la maison d’édition marocaine Sarrazine et Co., sera présenté au Salon du livre de Paris le 23 mars. Mille exemplaires vont sortir dans un premier temps, ils seront diffusés en France, en Belgique et au Maroc. Mais l’entreprise n’a pas pu assumer l’ensemble des coûts. Pascale Sablonnières a donc lancé une campagne de crowdfunding sur la plateforme Kisskissbank. Tous les internautes sont invités à participer à cette souscription. La photographe attend 2 500 euros ; 2 037 ont déjà été collectés.

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  • C’est un travail qui mérite beaucoup de respect. Il représente un aspect de la réalité à la fois humaine et naturelle d’une personne qui cherche à se définir dans un milieu social différent du sien. Elle le fait très bien puisqu’elle arrive à se sentir bien avec les gens qu’elle rencontre. Elle fait un travail de rapprochement humain exemplaire dans un monde, particulièrement en Europe, où le repli sur soi, la xénophobie et l’exclusion ne cessent de se développer. Il faudrait éviter de donner des jugements de valeurs sous forme d’insultes à peine déguisées. On a le droit de ne pas aimer, mais on aimerait savoir pourquoi. De toutes les façons, « l’art n’est pas la représentation des belles choses, mais la belle représentation des choses ».