Un rapport accablant sur la peine de mort au Maroc

Une association d'avocats contre la peine capitale a publié un rapport qui dénonce notamment les conditions de détention dramatiques des condamnés à mort.

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Présentation du rapport lors d'une conférence de presse à Rabat. Photo : DR

Le Réseau des avocates et avocats contre la peine de mort a présenté, le 23 janvier lors d’une conférence de presse, son rapport concernant la peine de mort. En plus d’appeler à l’abolition de la peine capitale, l’association dénonce les conditions de détention déplorables des condamnés à mort au Maroc. Rappelons que cette sentence n’est plus appliquée depuis 1993 (et l’exécution du commissaire Tabet), le Maroc observant depuis un moratoire de fait sur la peine de mort. Mais cette dernière est toujours prononcée, notamment dans les affaires de terrorisme.

« On nous empêche de voir des externes pour ne pas qu’on se suicide » 

Le rapport rédigé sur la base d’une enquête réalisée entre mai et septembre 2014, en question revient sur 70 cas de prisonniers condamnés à des peines de mort. La plupart d’entre eux sont dans « le couloir de la mort » depuis bientôt 10 ans à la prison de Kénitra.

Interrogeant les détenus en questions, la coordination a noté « le manque de nourriture et de propreté qui rongent les couloirs de la mort. Des conditions que l’administration pénitentiaire a hérité de l’ère de Hafid Benhacem », qui était à sa tête avant d’être subitement limogé suite au scandale de la grâce royale accordée au pédophile espagnol Daniel Galvan.

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Le Réseau des avocats et des avocats contre la peine de mort, membre de la Coalition marocaine contre la peine de mort, note également dans son rapport « les liens coupés des prisonniers avec toute personne externe, dont notamment leur famille. Cela, afin d’éviter que ces derniers ne leur fournissent un moyen matériel pour se suicider », leur explique un des détenus.

Les propositions du Réseau contre la peine de mort

Lors de leur conférence de presse, le Réseau des avocates et avocats contre la peine de mort a eu l’occasion de faire part de ses différentes propositions. Ainsi, Abderrahim Jamai, le coordinateur du réseau, demande « l’abolition pure et simple de la peine de mort pour tous les détenus ayant été plus de 15 ans en prison ». En plus de « l’intégration des condamnés à mort parmi les autres détenus », afin qu’il n’y ait aucune forme de discrimination.

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Le réseau a également appelé à l’organisation d’assises nationales sur les condition de vie en prison, et plus spécialement dans les quartiers réservés aux condamnés à mort.

 Le gouvernement fait le sourd

Depuis février 2013, un Réseau des parlementaires contre la peine de mort a également été constitué afin de porter cette revendication au sein du parlement. Mais du côté du ministère de la Justice, il est plutôt question de réduire le nombre de crimes passibles de peines de mort, sans pour autant songer à son abolition. Le Code pénal prévoit la peine de mort par fusillade pour l’homicide aggravé, la torture, le vol à main armée, l’incendie criminel, la trahison, la désertion, l’attentat à la vie du roi, et depuis la loi antiterroriste promulguée au lendemain des attentats de 2003, les crimes liés au terrorisme.

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  • Les gens n’arrivent pas à comprendre que la notion de « méchant » est fausse. Les coupables de crimes sauvages condamnés à la peine capitale sont en majorité .. des malades mentaux:des dépressifs, des schizophrènes qui n’ont pas été suivis et ne le seront jamais.

    Ceci est valable pour une grande partie de la population carcérale. Je pense surtout aux détenues femmes, mais c’est un autre sujet.

    Une société qui ne traite pas ses malades mentaux (Ils sont beaucoup plus nombreux qu’on ne le pense) et les envoie ensuite au peloton d’exécution/prison est une société malade: Cachez-moi ce sein que je ne saurais voir!