Mes bons amis, que Dieu vous glorifie en ce début d’année. Zakaria Boualem vous souhaite une santé d’acier et une patience granitique sinon vous allez devenir fous. A défaut, une bonne dose d’autodérision, ça marche aussi. L’affaire de la semaine, c’est cette soudaine attaque de nos glorieux médias envers le régime égyptien. Ça c’est passé sur nos deux chaînes et en même temps, c’était presque émouvant de précision. Ils nous ont expliqué que le maréchal Al Sissi devait sa position à un coup d’Etat, voilà. Quelques mois après l’avoir félicité pour son accession au pouvoir, il faut le préciser. N’attendez dans ce qui va suivre aucune espèce d’analyse sur le régime égyptien, sa hallalitude ou son niveau de légitimité comparé, le Guercifi est nul en politique égyptienne. Ajoutez-y qu’il n’attend rien de bien brillant d’un peuple qui a décidé de son plein gré de glorifier Houssam Hassan. Bref, il s’en fout un peu de l’Egypte, le Boualem. Mais, si vous le connaissiez, vous comprendriez que la déclaration de notre ambassadeur au Caire, elle, ne peut le laisser indifférent. Sommé de s’expliquer sur cette agressivité, le brave homme a expliqué qu’« une personne inconnue était derrière ces reportages ». Voilà, c’est fait, nous avons basculé. Il faut sauter une ligne, le temps d’apprécier la charge de burlesque contenue dans cette petite phrase.
Nous avons donc un haut fonctionnaire qui affirme qu’un inconnu a diffusé un reportage sur les deux chaînes nationales. Une sorte de journaliste furtif, qui s’introduit dans des salles de rédaction, modifie le sommaire de nos infos, et disparaît aussitôt sans laisser de traces, tel le Boeing de Malaysia Airlines. Appelons-le sans plus attendre Abdeljabbar Majhoul. Son apparition constitue un tournant historique dans l’évolution de notre société. Jusque-là, pour expliquer nos défaillances, nous avions le choix entre « c’est la faute de personne » et « c’est la faute de tout le monde ». Exemple : un footballeur professionnel succombe à une fièvre mystérieuse ? C’est la faute de personne, bien entendu. Notez qu’en cas de décès, c’est la voie de sortie privilégiée, la mort annule la réflexion. Nous sommes illettrés, sous-développés, indisciplinés ? C’est la faute de tout le monde. Vous pouvez continuer l’exercice en étudiant le cas d’un immeuble qui s’écroule, d’un douar emporté par les eaux, ou de notre classement IDH.
Vous êtes toujours là ?
Maintenant, nous avons une troisième possibilité : c’est la faute de Abdeljabbar Majhoul. C’est lui qui retarde les vols de la RAM et les trains de l’ONCF, on ignore comment il s’y prend au juste. C’est aussi lui qui sabote sans relâche nos nombreux plans d’urgence pour la mise à niveau de notre système éducatif. Il est très fort, le bougre, puisqu’il s’emploie également à freiner l’avancée glorieuse de notre plan d’urgence pour la mise à niveau de notre système de justice. Si les phrases précédentes vous semblent redondantes, étrangement symétriques, c’est que c’est notre pays qui bégaie, Zakaria Boualem n’y est pour rien. Abdeljabbar Majhoul pèse également de tout son poids pour s’opposer à la modernisation de l’administration. Il nous a privés des quatre Coupes du Monde que nous projetions d’organiser. C’est lui qui a propulsé à la tête de nos partis politiques une brochette de moustachus flamboyants, juste avant de monter contre nous la presse espagnole et algérienne. Sa puissance est prodigieuse. Quand il lui reste un peu de temps, cet être malfaisant emploie son énergie à nous faire chuter dans à peu près tous les classements qui existent. Sauf celui de la corruption où, il faut le noter, nous progressons hamdoulillah.
Il convient donc derechef de se mobiliser et de se lancer dans l’identification et la mise hors d’état de nuire de Abdeljabbar Majhoul, il y va de notre avenir à tous. Au travail, et merci.