A Marrakech, le père de victimes du pédophile est mis sous les verrous

Le père de deux victimes du présumé pédophile Jean Luc G. à Marrakech est accusé « d'incitation à la prostitution", nous apprend Mohamed Sebari, l'ex-avocat de l'accusé.

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Pédophilie
Photo d'illustration. Crédit : DR

Le 25 décembre 2014, le tribunal de Marrakech a décidé de reporter le procès de Jean-Luc G., accusé d’avoir agressé sexuellement 9 enfants, afin de recueillir les témoignages de toutes ses victimes. Deux enfants, qui avaient été entendus par la police, avaient, dans un premier temps, nié tout attouchement de la part du sexagénaire français, également voisin de la famille. Leur mère s’est par la suite rendue aux autorités afin de présenter une nouvelle versions des faits. Selon elle, « le père des deux garçons aurait reçu une somme d’argent du pédophile afin d’obtenir le silence des enfants« , nous expliquait Omar Arbib, militant à la section Marrakech de l’AMDH. Suite à cela, le père a été arrêté pour « incitation à la prostitution » de ses deux enfants, âgés de 12 et 14 ans.

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Pour Mohamed Sebari, ex-avocat de Jean-Luc G. qui s’est retiré de l’affaire en protestation à ce nouveau rebondissement, ainsi que pour Abdellah Boussouni et Taoufik Zehani, les deux autres avocats du présumé pédophile, « le revirement que prend ce procès est illégal ». Pour l’avocat, « c’est à la lumière du premier compte-rendu de l’audience du greffier que le tribunal devait décider de poursuivre ou d’innocenter l’accusé ». « Le tribunal n’a pas recueilli de nouveaux témoignages des victimes et s’est basé sur les propos de la mère afin de créer de nouveaux comptes-rendus d’audiences qu’il a intégré au dossier », se plaint l’ex-avocat de l’accusé et bâtonnier de Marrakech.

Or, d’après les propos du président du tribunal de première instance à Marrakech, la procédure est tout à fait légale : « Nous cherchons la vérité et à rendre justice. Le tribunal a tout à fait le droit d’entendre et de comparer les témoignages recueillis à n’importe quelle étape de la procédure pénale », nous rapporte Omar Arbib. Propos confirmés par Abdelilah Tachfine, avocat de l’AMDH, qui souligne que « ce n’est pas possible que le tribunal dispose de nouveaux éléments dans l’affaire sans les prendre en considération ».

L’hypothèse de la vengeance conjugale

Mais l’ex-avocat de Jean Luc G. affirme que « le couple [les parents des deux victimes présumées] connaissait beaucoup de problèmes », et que ce procès était « l’occasion idéale pour la femme de se venger de son mari ». Mohamed Sebari affirme aussi que « Jean Luc G. connaissait la famille depuis longtemps et l’aidait à subvenir à ses besoins, les deux parents étant sans emploi ». « Il payait les frais de scolarisation, les cours de soutien et même le mouton de l’aïd à la famille ».

Le procès se poursuivra jeudi 22 janvier prochain. En attendant, le tribunal va recueillir les témoignages de tous les enfants pour savoir si agression sexuelle il y a eu ou non.

Pour rappel, la demande de remise en liberté provisoire de l’accusé a été rejetée. L’homme, installé de longue date dans le royaume, aurait abusé d’au moins neuf enfants à son domicile en échange de modiques sommes d’argent. Jean-Luc G. avait été pris en flagrant délit le 17 novembre dernier dans un véhicule, et « des images d’enfants en sous-vêtements ont par ailleurs été retrouvées sur son ordinateur », a indiqué Me Tachfine, avocat de l’AMDH, à l’AFP.

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