La session mensuelle des questions orales à la Chambre des représentants mardi 13 janvier a été pour le chef du gouvernement l’occasion de multiplier les annonces et les déclarations choc, mais aussi d’admettre l’échec de son cabinet en matière de lutte contre la corruption. « Nous [le gouvernement, ndlr] n’avons pas réussi à vaincre la corruption. Je le reconnais », a ainsi déclaré Abdelilah Benkirane alors que le 3 décembre dernier, il présentait la lutte contre la corruption comme l’une des réussites de son cabinet. Le chef du gouvernement a ensuite appelé l’opposition à « se joindre à la lutte » dénonçant le rôle que « jouent certaines parties pour pérenniser la corruption ».
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Le mea culpa d’Abdelilah Benkirane s’est arrêté là. Certes, il a ensuite admis que son gouvernement « créait des emplois, mais nous n’empêchons pas le chômage de grimper » et qu’il ne disposait pas d’une « approche globale pour lutter contre le chômage, surtout que les défis d’aujourd’hui et de demain concernent plutôt le domaine de l’industrie que le Maroc a tant ignoré depuis l’indépendance ». Mais il a également confirmé l’annonce faite par le ministre de l’Industrie Moulay Hafid El Alami selon laquelle le plan d’accélération du développement industriel (2014-2020) permettrait la création de 500 000 emplois.
Le regard des rapports internationaux compte
Enfin, après avoir émis des réserves sur certaine études qui « reposent dans leurs classements sur la perception des personnes sondées et ne reflètent pas forcément la réalité vécue, selon des analyses scientifiques », le chef du gouvernement a toutefois souligné l’importance des rapports élaborés par des instituts et ONG internationaux, notamment Freedom House (-4 points pour le Maroc en matière de libertés), la Banque mondiale avec le rapport Doing Business (+16 points) ou encore Transparency International (+11 points dans l’indice de perception de la corruption).
Au sujet de ces rapports, Benkirane a déclaré que « le gouvernement les prend au sérieux et qu’une équipe de travail a été créée pour assurer le suivi de ceux-ci ». De même, il a assuré que la majorité des classements internationaux ont fait état d’avancées réalisées par le Maroc dans le climat des affaires, de la perception de la corruption et de la gouvernance.
Annonce choc et attaques personnelles
Lors de son long discours au parlement, le chef du gouvernement a également abordé « les efforts indéniables » du gouvernement dans le domaine de la santé, « en témoigne la baisse des prix de 1 500 médicaments ». Et de glisser : « Avant notre arrivée au gouvernement, des laboratoires pharmaceutiques vendaient des produits à 4 000 dirhams alors que leur prix n’excédait pas les 200 dirhams ». Il a ensuite ajouté que « le gouvernement avait pris les mesures nécessaires pour contrôler ces dérives ».
Notons enfin que la session mensuelle n’a pas manqué de remous. Critiquant la politique du gouvernement sur la promotion de la parité, la députée de l’Union constitutionnelle, Bouchra Berjal, s’est insurgée en déclarant que « le gouvernement n’a que faire de la question féminine dans la mesure où plusieurs ministres sont mariés à des étrangères comme c’est le cas de Lahcen Daoudi dont la femme est française ». Ces propos ont provoqué l’ire de Benkirane qui a rétorqué que « les attaques personnelles n’ont rien à faire au parlement », ajoutant « qu’être marié à une Française n’est pas une tare ». Suite à cet incident, le président du groupe parlementaire de l’UC, Chaoui Belassal a présenté ses excuses au chef du gouvernement.
Voir l’intervention d’Abdelilah Benkirane en vidéo :
combien il me donne et je finirai avec la corruption