Pas de subventions pour les associations casablancaises en 2015?

Alors qu'un nouveau système d’octroi de fonds aux associations a été instauré à Casablanca pour éviter favoritisme et gaspillage, ces dernières risquent d’être privées de subventions locales en 2015. Explications.

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La wilaya et le Conseil de la ville de Casablanca.
La wilaya et le Conseil de la ville de Casablanca. Crédit: Crédit: Yassine Toumi.

« Si on obtient pas un délai rapidement, le Conseil de la ville ne pourra accorder aucune aide aux associations casablancaises en 2015 » s’alarme Abdelmalek Lakehayli, élu (PJD) et  président de la commission chargée du département humain et des affaires sociales, culturelles et sportives du Conseil.

Et pour cause, si d’ici le 31 décembre, la commission chargée de valider les dossiers des associations et leur attribuer des fonds n’a pas déposé de proposition d’engagement auprès du trésorier du Conseil, aucun budget ne sera débloqué en 2015 pour le secteur associatif. Un risque causé, selon l’élu, par la trop grande implication de la wilaya dans ce dossier…

Rompre avec « la culture de la subvention »

Pourtant, le 18 décembre dernier, le wali de la région du Grand Casablanca Khalid Safir se félicitait  lors d’une conférence de presse -et devant les élus locaux et régionaux de la ville- de la mise en pratique de la réforme d’attribution des aides locales aux associations en 2014, suivant les critères développés par l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH).

Dorénavant,  les subventions ne sont plus accordées directement aux associations par les conseils de la ville, de la préfecture ou de la région. Non, il s’agit plutôt de financer des projets précis, présentés par ces associations et approuvés en commission. Cette formule a été mise en place au début de 2014, afin de mieux contrôler et suivre les fonds octroyés, et de rompre « avec la culture de la subvention » nous explique une source proche du dossier à la wilaya.

Mettre fin au favoritisme

Ainsi, suite à un appel à projets lancé au début de l’année, 1374 dossiers ont été présentés par des associations aux conseils. Des dossiers étudiés par une commission technique ad hoc (sur le modèle des commissions de l’INDH) constituée de représentants des départements ministériels concernés (Culture, Education nationale, Santé, Jeunesse et sports, etc.) mais aussi des fonctionnaires cadres de la ville, des arrondissements et de la préfecture.

De cette manière, explique notre source à la wilaya, on évite les doublons (des associations financées par plusieurs conseils), et les projets sont retenus en fonction de leur impact sur la population cible, de leur faisabilité, et aussi de leur cohérence avec les plans de développement de la ville ou de la région.  « On évite aussi que des aides soient accordées à des associatifs proches de certains élus, ce dont certaines associations s’étaient plaintes par le passé » ajoute-t-il.

Une allusion n’offensant pas le moins du monde Abdelmalek Lakehayli, qui indique que les membres de sa commission sont d’accord avec le principe et les objectifs du wali, mais pas avec sa méthode. « C’est aux commissions des conseils de décider quels dossiers sont acceptés et le montant des aides accordées ».

Des ânes et des charrettes à Casablanca

Car sur les 1374 projets, seuls 270 ont été jugés « recevables » par la commission technique. Mais la wilaya se défend de vouloir « usurper les prérogatives des élus ». « C’est à eux de décider du montant des aides. L’avis de la commission  est indicatif, il s’agit juste de faciliter leur travail », commente notre source qui précise que de nombreuses associations ont présenté des idées très intéressantes, mais que leurs projets péchaient par manque de professionnalisme ou de réalisme. « Et certaines idées étaient pour le moins étonnantes, allant à l’encontre des besoins d’une ville comme Casablanca, comme le projet d’encourager le développement du transport en charrette ».

Enfin, la source indique que l’ensemble des dossiers (y compris les projets rejetés, avec les raisons motivant le refus) ont été transmis aux conseils, qui sont libres de ne pas suivre les recommandations de la commission, « mais chacun doit assumer ses responsabilités ».

Un argument qui ne convainc pas le conseiller Lakehayli. Il répond que « ce n’est pas ce qu’on nous a dit » et ajoute que le rapport de la commission technique a été envoyé trop tard au Conseil de la ville, et que la wilaya est donc responsable de la situation actuelle. « Nous avons reçu le rapport le 12 décembre, depuis nous nous sommes réunis à deux reprises ». Pour le conseiller, sans un délai supplémentaire accordé sur demande du président du Conseil par le trésorier de  la ville « et je ne suis pas sûr qu’il puisse nous l’accorder » aucune association ne recevra d’aides  de la ville en 2015.

Mais à la wilaya, si on indique que la commission a terminé ses travaux le 27 novembre « dans les temps », on pense déjà à l’année prochaine. Des formations sont prévues pour les associatifs afin de les aider à professionnaliser leur fonctionnement et leurs projets : « du coup, l’année prochaine, les dossiers acceptés seront bien plus nombreux ».

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