Voici venu le temps du bilan, de l’introspection et des résolutions. On regarde l’année qui se termine dans le rétroviseur et on la soupèse au trébuchet du remords ou de la satisfaction. On esquisse un sourire de contentement quand on se rappelle d’une réussite, une bonne action ou un moment de plaisir vécu ces douze derniers mois, et on ferme les yeux pour effacer de nos têtes un mauvais souvenir ou un désagrément qui nous a tourmentés cette année. Comme à chaque fin décembre, on décide et on jure d’entamer une nouvelle vie, s’inscrire dans une salle de sport, manger plus sainement, arriver à l’heure au bureau et passer moins de temps sur Facebook. Des résolutions que l’on sait profondément, au fond de nous-mêmes, qu’on ne va jamais tenir ou alors juste en partie.
Mais cet exercice devient plus compliqué et délicat quand il s’agit de tout un pays, son bilan durant une année et les décisions qu’il faut prendre à l’avenir. Car en politique, comme l’enseigne Machiavel, une grande partie de la réussite et la prospérité d’un État dépendent de la volonté et du talent de ses dirigeants, mais aussi de la contingence et du hasard. « La vertu » et « la fortune » forment le couple qui gouverne le sort des pays et du monde, estime à juste titre le célèbre auteur du Prince. Or, dans ce qui nous attend en 2015, il y a évidemment des zones inconnues et imprévisibles, qu’on ne peut pas prédire, et d’autres aspects que l’on connaît d’avance. L’année qui arrive est éminemment politique, et elle va nous dire où va le Maroc, après la fermeture presque définitive de la parenthèse du Printemps arabe. Un premier test est celui des élections communales et régionales. Elles vont nous permettre de savoir si on franchira un nouveau palier dans la construction d’un État démocratique, de gestion vertueuse de la chose publique, où si on s’achemine vers une régression, un retour en puissance des notables et de l’argent qui achète tout. L’exception marocaine, tant vantée et promue, doit s’affirmer en ce moment où toute la région renoue avec ses anciens démons, qui sont l’autoritarisme, le fanatisme et le pouvoir des clans et des militaires. Notre pays se veut une exception et doit assumer sa particularité politique et culturelle, c’est aujourd’hui qu’il doit le prouver et l’affirmer. C’est la bonne résolution à prendre.
PS : Au nom de toute l’équipe de TelQuel, nous vous souhaitons une bonne année et d’excellentes fêtes. Rendez-vous l’année prochaine.