Capital immatériel, le grand remix #2014

Mohammed VI l’a dit, le capital immatériel donne la vraie mesure de notre richesse. Mais personne n’a compris où il était stocké. Telquel.ma vous aide à partir à sa recherche, au fil des prises de position des personnalités publiques au cours des derniers mois.

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Le capital immatériel aura sans doute été le concept de l'année. Tout le monde y aura été de sa définition personnelle. Laquelle préférez-vous parmi les 7 suivantes ?

Première hypothèse

Ce sont les femmes marocaines

Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur.
Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres. Crédit : Tniouni

Le capital immatériel, c’est, pour le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Lahcen Daoudi, la femme marocaine.

Dans une interview publiée le 17 décembre par Le Reporter, il raccroche la création par son ministère du Prix Fatima Al Fihria, du nom de la fondatrice de la première université au monde, Al Qaraouiyine, au IXe siècle, à Fès, à la promotion du capital immatériel du Maroc :

C’est un Prix qui va d’abord faire mieux connaître la femme marocaine. La première université au monde a été construite par une femme au IXe siècle. Ce n’est donc pas normal qu’elle ne soit pas connue à l’international. C’est ce qu’on appelle, à juste raison d’ailleurs, le capital immatériel.

Et ce capital immatériel a pour principale fonction d’être exhibé à la face du monde, comprend-on en lisant Lahcen Daoudi :

Je crois que, justement après le discours royal, il faudrait absolument faire remonter tout ce qui est immatériel pour le montrer fièrement au monde.

Deuxième hypothèse

Non… C’est UNE femme : Rajae Ghanimi

rajae ghanimi

Zineb El Adaoui, wali du Gharb-Chrarda-Beni Hssen, a rendu un hommage à l’enfant du pays Rajae Ghanimi  en en faisant un « symbole du capital immatériel de la région », auquel le ministre de la Culture Mohamed Amine Sbihi a même fait l’honneur d’accorder une visite. C’est que Rajae Ghanimi venait de remporter le prix du meilleur médecin arabe.

Sauf que le titre, bidon, n’était qu’un coup de com’ organisé par une boîte d’événementiel londonienne, et que Rajae Ghanimi n’a jamais réellement exercé la médecine. Une imposture en lettres capitales. Plus immatériel, tu meurs.

Troisième hypothèse

Bon, Rachida Dati alors ?

Rachida Dati
Rachida Dati. Crédit : AFP

Pour Aziz Boucetta, directeur du site Panorapost, le capital immatériel du Maroc, c’est Rachida Dati, Najat Vallaud-Belkacem et autres Marocains ayant pour point commun d’avoir réussi mais loin de leur pays d’origine ou de celui de leurs parents. L’hommage au capital immatériel ne prend-il pas dès lors des airs d’ode au départ ?

La liste complète d’Aziz Boucetta inclut également la chanteuse Samira Saïd, Ahmed Aboutaleb (maire d’Amsterdam), Houda Pépin (députée canadienne), Seddik Belyamani (ex vice-président de Boeing), Asmae Boujibar (chercheuse à la NASA), Rachid Yazami (prix Draper de la National Academy of Engineering), les footballeurs Mehdi Benatia et Mounir Haddadi, les anciens athlètes Saïd Aouita, Nawal El Moutawakel, Hicham El Guerrouj, ou encore Nacer Benabdeljalil (vainqueur de l’Everest) et l’humoriste Gad Elmaleh.

Quatrième hypothèse

Le Salon du cheval d’El Jadida

cheval

Là, vous commencez à trouver le concept de capital immatériel  fumeux ? Attention, vous risquez de faire monter sur ses grands chevaux Habib Marzak. Pour le commissaire du Salon du cheval d’El Jadida, cet événement, « depuis la première édition a connu moult mutations touchant [au domaine du capital immatériel], dont le développement de la culture du cheval chez les Marocains, la promotion de tous les métiers en relation avec cet ancien compagnon de l’homme et le développement de l’effectif équin au Maroc ». Il a même chargé l’Université Bouchaib Doukkali d’étudier le capital immatériel de ce salon. On sent que cette enquête avance au galop.

Cinquième hypothèse

Les syndicats, la RSE et la générosité patronale

Meriem Bensalah, présidente de la CGEM.
Meriem Bensalah, présidente de la CGEM.Crédit: DR

Pour la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le capital immatériel réside dans ses pactes sociaux conclus avec les syndicats et son label RSE (responsabilité sociale des entreprises). Miriem Bensalah Chekroun a ainsi déclaré que « la CGEM qui milite pour un tissu économique compétitif et responsable, qui a signé des pactes sociaux avec les syndicats et qui a été la première organisation patronale d’Afrique et du monde arabe à proposer un label RSE, s’inscrit parfaitement dans cette démarche de valorisation du capital immatériel du Maroc ».

Ce n’est pas forcément très clair, mais la patronne des patrons a précisé sa pensée : « Nous comptons évidemment collaborer étroitement avec le CESE et la Banque centrale pour mieux cerner ces atouts immatériels qui font du Maroc ce qu’il est aujourd’hui: un pays aux fondamentaux économiques, politiques, sociaux, culturels et cultuels solides ».

Traduction : on ne sait pas ce que c’est, mais on sait que c’est utile.

Sixième hypothèse

Le label Maroc ™

Le ministre du Tourisme , Lahcen Haddad
Le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad. Crédit : DR

« Le tourisme fait partie des meilleurs moyens de valorisation du capital immatériel », a déclaré début août (juste après le discours royal) le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, qui a du coup fait une annonce concrète qui nous aidera à mieux cerner le capital immatériel :

Nous n’avons pas suffisamment travaillé sur la marque Maroc que nous pouvons mesurer et fructifier. Il s’agit d’une valeur immatérielle que nous comptons exploiter.

Son département a créé une commission à laquelle d’autres ministères sont associés (Affaires étrangères, MRE, Culture, Commerce extérieur) afin de créer le Label Maroc, un concept qui risque de bien s’entendre avec celui de capital immatériel.

Septième hypothèse

L’huile d’argan

Crédit : The Travel Gal's Exploration Vacation / Flickr
Crédit : The Travel Gal’s Exploration Vacation / Flickr

Pour la très officielle Maghreb Agence Presse, le capital immatériel du Maroc lui a valu d’être élu membre de l’Organe d’évaluation du comité de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Laquelle Unesco a d’ailleurs inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité « l’argan, pratiques et savoir-faire liés à l’arganier ».

Oui mais… la MAP confond le patrimoine immatériel (de l’Unesco) et le capital immatériel (notion économique). Encore une hypothèse qui ne fera pas tâche d’huile.

Le Conseil économique, social et environnemental et Bank Al-Maghrib, qui doivent remettre leur rapport sur la question en avril prochain, pencheront du côté de quelle hypothèse selon vous ?

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  • M. Habib Merzak ne s’est pas contenté de charger l’Université Bouchaib Doukkali d’étudier le Salon sous l’angle du capital immatériel, il a affecté des groupes d’étudiants d’HEM,de l’ISCAE, l’ESIG, l’UIR… à la tâche rude et complexe d’en dresser une matrice SWOT.