A Tanger, le racisme tue

A Boukhalef, un jeune Sénégalais a été tué. Un crime raciste survenu dans un quartier sous tension depuis plusieurs années.

Il n’était pas du quartier. Charles Ndour, étudiant sénégalais de 25 ans, résident à Casablanca, était venu à Tanger pour rendre visite à des amis. Il y décède, poignardé, le 29 août. Ce soir-là, des Marocains, majoritairement jeunes, armés de barres et de couteaux, s’en sont pris à des migrants. Certains parmi ces derniers ont essayé de se défendre, d’autres de se barricader dans leurs appartements. Une dizaine d’entre eux ont été grièvement blessés.

« Ça devait finir par arriver »

« Cela fait des années que ce quartier est sous tension. Depuis 2010, nous alertons régulièrement les autorités. Cela devait finir par arriver », tonne Marcel Amiyeto, président de la section Travailleurs migrants de l’Organisation démocratique du travail (ODT). C’est que ce n’est pas la première salve de violences que connaît le quartier Boukhalef. En décembre 2013, lors d’une opération de police, un jeune ressortissant camerounais trouvait la mort en tombant d’une fenêtre. En juin dernier, des Marocains font irruption dans des logements de migrants, jettent leurs affaires par les fenêtres et essaient d’incendier un appartement. En juillet, de nouveau, des descentes sont organisées par de jeunes Marocains pour terroriser les migrants. Des scènes d’une rare violence, selon Helena Maleno, membre de l’ONG espagnole Caminando Fronteras. « Il faut le voir pour le croire : des groupes de personnes démunies, parfois des enfants de moins de 18 ans, qui pourchassent des migrants, armes blanches à la main, en criant des insultes racistes, voire des slogans religieux, parce qu’on leur fait croire que les migrants sont tous des mécréants », témoigne-t-elle.

En cause, le logement

A en croire Mamadou Diallo, membre du collectif Visa sans frontières, créé il y a deux mois dans le quartier, c’est le logement qui pose problème. « Plusieurs propriétaires refusent les locataires noirs, alors certains se sont mis à squatter », concède-t-il. Hicham Rachidi, du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem), remarque de son côté : « Dans le quartier, un véritable syndicat informel de marchands de sommeil marocains s’est constitué. Ils louent des appartements aux migrants et n’hésitent pas à user de violence pour terrifier les habitants, lorsqu’ils veulent les déloger »« Mais la faute incombe aussi aux autorités, et cela doit être reconnu », tonne Maleno, qui remarque que « la police n’est pas présente. Si des personnes occupent illégalement des appartements, les autorités devraient réagir, ne pas laisser la population régler ses comptes ainsi ». Du côté de l’antenne tangéroise du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), on demande d’ailleurs l’ouverture d’un commissariat à l’intérieur du quartier et « une présence plus accrue des autorités en général », selon Salma Taoud, l’une de ses membres. Cette dernière constate par ailleurs qu’à Boukhalef, peu de migrants se sont présentés dans les bureaux dédiés à l’opération exceptionnelle de régularisation lancée l’année dernière.

Le Parquet de Tanger a fait savoir que des personnes soupçonnées d’avoir participé aux violences ont été arrêtées et qu’une enquête est en cours. Parmi elles, trois sont susceptibles d’être à l’origine du décès de Charles Ndour et sont actuellement en détention. La section tangéroise du CNDH mène aussi une enquête indépendante. Quelques manifestations de Subsahariens ont eu lieu depuis le meurtre, vite dispersées par la police. Le calme est quelque peu revenu à Boukhalef, mais la peur demeure. Certains migrants ont même préféré quitter le quartier pour se rendre dans les forêts alentours. Le 30 août, des Subsahariens ont organisé une manifestation pour présenter leurs doléances aux autorités, mais la police l’a vite dispersée. Une vingtaine de manifestants ont été arrêtés et acheminés de Tanger vers Casablanca pour être expulsés. « Parmi eux, de potentiels témoins des violences, ce qui est contre-productif pour l’enquête », s’énerve Hicham Rachidi, du Gadem. Le corps de Charles Ndour, autopsié, devrait être rapatrié à Dakar dans les prochains jours.

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  • Le racisme tue plutôt et a,effectivement ,déjà tué à Paris,bruxelles ,Munich…A Tanger ,c’est la misère qui tue;l’acharnement des plumes mercenaires ,aussi tout comme les ONG avides d’argent sale et de vengeance sur un pays dont ils ne savent comment venir à bout.

    1. Tu devrais arrêter de trouver des excuses au racisme marocain, et au lieu d’accuser les ONG de complot contre le maroc, commence à faire un peu d’auto critique. Si ce noir est mort c’est pas seulement la misère, c’est surtout les gens là bas qui n’ont pas accepté de nouveaux venus dans leur quartier, si ce même noir était mort en Europe, personne n’aurait hésité a accusé l’europe de racisme, mais quand il se fait tuer à tanger, ce n’est pas du racisme mais la misère, je ne comprends pas votre logique.

    1. NON, le véritable responsable est l’état marocain qui ne fait pas humainement et efficacement son travail d’expulsion des sans papier comme ça se fait dans TOUS les pays du Monde.

      Cela va sécuriser les immigrés légalement installés au Maroc, protéger les clandestins contre les corrompus, les passeurs, les prédateurs, les mafieux marocains qui profitent de leur situation pour se faire du fric et enfin éradiquer la délinquance et les trafics dans certains quartiers du Pays.

    1. Je suis tout à fait d’accord avec toi.
      L’enquête et les rapports des associations marocaines des droits de l’homme vont permettre d’y voir plus clair dans cette affaire.
      Il n’y a que les subsahariens qui voient dans cet acte inadmissible un acte raciste qu’il généralise à tous les marocains sans distinction.
      Cet article me semble exagéré et malsain car il jette sur tous les marocains du Maroc et du Monde l’accusation grave de peuple raciste tueur de noirs.
      Il va falloir que le Ministère de l’Intérieur du Maroc donne des directives fermes à tous les douaniers et policiers du Maroc d’expulser humainement tous les clandestins présents sur le territoire marocain.
      Cela va sécuriser les immigrés légalement installés au Maroc, protéger les clandestins contre les corrompus et les mafieux marocains qui profitent de leur situation pour se faire du fric et enfin éradiquer la délinquance et les trafics dans certains quartiers du Pays.

  • Encore un article sur le racisme au Maroc……les journaux marocains surfent sur l’évènement à l’excès.

    Cet assassinat inadmissible n’est pas à mon avis un acte raciste mais un acte d’exaspération de certains Tangérois excédés par la délinquance de clandestins depuis des années.

    Si les forces de police et les douaniers marocains faisaient convenablement leur travail de vérification des sans papiers, on n’en serait pas arrivé à cet acte grave.

    C’est dangereux pour la stabilité du Maroc de laisser n’importe qui entrer sur son territoire surtout avec la menace terroriste et l’ennemi voisin et son DRS Polisario

    Bref il faut attendre les résultats de l’enquête et les rapports des associations marocaines de défense des droits de l’homme avant de faire des articles qui parlent trop hâtivement d’acte raciste. Des têtes de responsables dans la police marocaine vont tomber et le ministère de l’intérieur lui aussi doit en prendre sa part.

    Pour éviter de me répéter inutilement, il suffit de lire les commentaires sur la Manifestation à Dakar

      1. Tu te trompes à mon avis….Il faut attendre le résultat de l’enquête avant de crier au loup

        Le véritable responsable est l’état marocain qui ne fait pas humainement et efficacement son travail d’expulsion des sans papier comme ça se fait dans TOUS les pays du Monde.

        Cela va sécuriser les immigrés légalement installés au Maroc, protéger les clandestins contre les corrompus, les passeurs, les prédateurs, les mafieux marocains qui profitent de leur situation pour se faire du fric et enfin éradiquer la délinquance et les trafics dans certains quartiers du Pays.