Le Maroc a retrouvé le sourire. Le mois sacré vient de prendre fin. Après le temps de l’épreuve et des privations, voici donc venu celui du farniente et de la dolce vita. Les plus chanceux s’envolent vers les capitales européennes ou vers les Etats-Unis, d’autres traînent leur petite tribu jusqu’à leurs quartiers d’été de Marbella ou, un peu moins chic, de Marina Smir et Cabo Negro. Il y a aussi ceux qui font le trajet en sens inverse car, en ces années de ramadan estival, le Maroc a des juillettistes et des aoûtistes très particuliers. Les férus d’ambiance religieuse et traditionnelle font leurs valises en août alors même que reviennent de vacances ceux qui ont fui les terres d’islam pendant le mois sacré.
Mais pour le commun des mortels, pas question (et surtout pas moyen) de quitter le pays, ni en juillet, ni en août. Beaucoup prendront du temps en famille, iront voir leurs parents dans leur village d’origine, emmèneront femme et enfants à la plage. Certains ne quitteront pas leur ville mais changeront simplement leurs habitudes. Tous en tout cas ont fêté la fin du ramadan, un de ces rares moments de communion nationale où même les extrêmes s’accordent : déjeûneurs et forçats du jeûne partagent la même joie de reprendre une activité normale, surtout quand celle-ci est synonyme de vacances. Ceux qui ont hiberné pendant ramadan ont accueilli le soleil éclatant du jour de l’aïd comme la promesse d’un été trop court, qu’il faudra croquer à pleines dents. Ceux qui ont cédé à la ferveur religieuse du mois sacré retrouvent le chemin de la « normalité ». Le qamiss de ces messieurs cède la place au triptyque short-espadrilles-lunettes de soleil et la convivialité nocturne se transforme en hédonisme diurne. Le soleil était hier notre ennemi : il aiguisait notre soif et soulignait notre désarroi esthétique, notre visage sans artifice. Il est aujourd’hui notre ami, notre meilleur allié dans la course au bonheur que sont les vacances.
Espérons seulement que l’été ne sera gâché par aucune mauvaise nouvelle, comme l’an dernier avec le Danielgate ou en juillet 2002 avec la crise de l’îlot Leïla. Si le calendrier normal suit son cours, l’été marocain devrait plutôt être festif et reposant, mais court, puisque la rentrée politique coïncide aussi souvent avec le discours royal du 20 août, date de la commémoration de la Révolution du roi et du peuple et veille de l’anniversaire de Mohammed VI. A cette occasion, le roi a souvent prononcé des discours importants. L’année dernière par exemple, il remettait en branle le grand chantier de l’éducation en y consacrant une grande partie de son discours. Un peu moins d’un an plus tard, le conseiller royal Omar Azziman franchit la première étape de sa mission : nommer les membres du Conseil supérieur de l’éducation. La composition du CSE reflète la division de la classe politique, des décideurs et de l’opinion publique, notamment sur la question linguistique. Plusieurs de ses membres ont a priori des positions antagonistes. Le CSE promet donc d’être une instance de débat, il lui faudra aussi proposer des solutions et désigner un cap.
A toutes fins utiles, une petite idée en ces temps estivaux : les tropiques asiatiques ne devraient pas être uniquement une destination de vacances pour quelques-uns de nos happy few, mais aussi un motif d’inspiration pour les pilotes de notre réforme de l’éducation. Malaisie, Indonésie, Singapour… autant de noms qui fleurent bon les vacances exotiques mais qui pourraient nous aider à mieux préparer la rentrée scolaire. En attendant, bonnes vacances !