L’incident s’est déroulé dimanche 27 juillet dans un ghetto de Gujranwala, ville située à une centaine de kilomètres au nord de Lahore, la capitale de la province centrale du Penjab. Aqib Salim, un adolescent de la minorité ahmadie, «aurait mis en ligne sur Facebook une photo blasphématoire ce qui a ulcéré un ami musulman», a déclaré à l’AFP un responsable de la police locale, Salim Akhtar. Les deux adolescents ont alors commencé à se bagarrer sous le regard d’une foule croissante, et de plus en plus belliqueuse, qui a incendié des maisons de la minorité ahmadie. Une femme, une fillette de sept ans et une autre d’à peine un an ont péri par suffocation, selon ce responsable de la police qui enquêtait lundi non pas sur ces meurtres mais sur de possibles accusations de « blasphème » contre l’adolescent ahmadi.
La loi pakistanaise sur le blasphème, accusée par les libéraux d’être instrumentalisée pour régler des conflits personnels mais défendue bec et ongles par les islamistes, prévoit la peine de mort pour les personnes dénigrant Mahomet et la prison à vie pour quiconque brûle le Coran. Au cours des dernières années, des personnalités pakistanaises ayant plaidé en faveur d’une réforme de cette loi controversée, souvent utilisée contre les chrétiens et les ahmadis, ont été assassinées.
La communauté ahmadiyya, fondée au 19e siècle par Mirza Ghulam Ahmad, estime que son fondateur est le messie attendu depuis la mort du prophète Mahomet. Les ahmadis se considèrent musulmans, mais une loi datant de 1974 au Pakistan les qualifie de non-musulmans. Les ahmadis ne peuvent y nommer « mosquée » leur lieu de culte et sont interdits de séjour en Arabie saoudite pour faire le pèlerinage à La Mecque, un des cinq piliers de l’islam.
Selon un rapport récent de la Commission américaine sur la liberté religieuse à travers le monde, le Pakistan est de loin le pays qui emprisonne le plus de citoyens soupçonnés de porter atteinte à la religion, principalement l’islam.
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