Insolvable en Espagne, il investissait au Maroc

L’homme d’affaire espagnol Gerardo Díaz Ferrán finançait des projets de luxe au Maroc alors qu’il était déclaré insolvable en Espagne.

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Gerardo Diaz Ferran. Crédit : AFP

Gerardo Díaz Ferrán, ancien homme d’affaire espagnol et ex-président de la Confédération espagnole des organisations d’affaires (CEOE) avait continué à investir au Maroc en 2011 et 2012 alors qu’il était déclaré insolvable en Espagne en 2010. C’est ce que révèle le site espagnol Abc.es, mardi 8 juillet. C’est un nouveau rapport de la police espagnole qui a révélé cette affaire rocambolesque au grand jour. L’homme d’affaires avait une technique qui lui permettait d’opérer discrètement, toujours selon la même source. Compte tenu de son statut d’insolvable, G. Díaz Ferrán ne pouvait pas financer le projet en son nom propre. Pour contourner la justice et les créanciers, il utilisait des chèques et se servait de certains de ses anciens collaborateurs et associés, selon Abc.es.

A Safi, le projet Urbagolf suspendu

Des documents écrits et récemment saisis par la police espagnole ont permis de relier G. Díaz Ferrán à des projets touristiques au Maroc, financés par des espagnols et suspendus depuis 2012. Selon les documents, le principal investissement portait sur la construction du complexe touristique de luxe Urbagolf sur la côte atlantique, à 30 km de Safi. C’est un hôtel de 900 chambres et un terrain de golf pour lequel il a déboursé une somme initiale de 18 millions d’euros, et qui devait atteindre les 350 millions avec un financement externe. Sa participation, initialement négociée à 25 % des investissements, aurait finalement atteint 75 % en 2010.

La police espagnole a également pu établir que 220 000 euros ont été versés par les collaborateurs de l’homme d’affaire espagnol en 2012, pour les premières dépenses liées à ce projet, et notamment le paiement de l’architecte. L’argent transitait par Hortefur, la chaîne hôtelière de Marsans et par un entrepreneur libanais dénommé Jamal Satli.

Toujours dans le cadre de ses investissements au Maroc, G. Díaz Ferrán avait de son côté reçu trois chèques d’une valeur totale de 220 000 euros avant d’être emprisonné. Un dernier chèque avait été émis une semaine après son arrestation. Le projet Urbagolf avait dès lors été suspendu. Mais aucun lien n’avait été établi entre ces deux faits. Au Maroc, l’arrêt des travaux était expliqué par l’avènement de la crise en Espagne.

11 000 créanciers

G. Díaz Ferrán était un homme très connu dans le monde des affaires en Espagne. Il avait fondé en 1985, un grand groupe de voyage dénommé Marsans. Mais, en juin 2010, le juge déclarait le groupe et son fondateur en faillite avec une dette estimée à 600 millions d’euros. Marsans est alors liquidé et l’homme d’affaire déclaré insolvable.

Les enquêtes qui ont suivi la déclaration de faillite de Marsans ont révélé plusieurs irrégularités dans son processus de liquidation. A la suite, G. Díaz Ferrán est arrêté en décembre 2012 et soupçonné d’avoir caché une partie de son patrimoine afin d’éviter de payer ses dettes. Suite à une enquête, il est condamné en juin 2013 pour détournement de fonds et blanchiment et condamné à rembourser plus de 400 millions d’euros à 11 000 créanciers.

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