Ahmed Réda Chami, le député socialiste, avait surpris tout le monde en affirmant, en substance, que les aides directes, comme palliatifs à la compensation des prix, devraient être gérées par un organisme apolitique. La déclaration (et sa portée) n’a pas été suffisamment analysée. L’événement a été vite traité et oublié.
La semaine dernière, Driss Jettou a rouvert le dossier de la réforme de la compensation. En tant que président de la Cour des comptes, il a émis des réserves sur le projet des aides directes. Selon lui, « il nous faut un outil efficient et sécurisé ».
Deux remarques s’imposent. Par sa nature, un projet non déployé ne peut révéler ses failles qu’au contact du terrain. D’ailleurs, quand le système de distribution adopté dans le cadre de l’INDH avait été mis en doute par TelQuel en 2005, ses porteurs, dont le défunt Abderrahim Harouchi, avaient plaidé le bénéfice du doute. « Nous ajusterons au fur et à mesure que le projet révèle ses limites », avaient-ils soutenu.
De plus, depuis quand la Cour des comptes se prononce-t-elle sur des projets à venir ? L’a-t-elle fait pour l’INDH, le TGV, la place financière de Casablanca, les stratégies sectorielles coûteuses ?
La réforme de la compensation est presque une fatalité. Soit nous la menons à terme, soit cette caisse ruinera nos finances et alourdira notre dette. Le projet de réforme existe depuis des années et c’est l’Istiqlalien Nizar Baraka qui l’a initié sans le mettre à exécution. Question d’agenda politique ? Certainement pas. La réforme bloque parce que quelqu’un quelque part n’a pas encore décidé qui devra en être responsable.
La déclaration de Chami nous donne un indice, la sortie de Jettou nous livre une certitude : la préparation de l’opinion publique à l’arrivée d’un organisme extra-gouvernemental est en marche. Ainsi soit-il, mais, prière, faites vite !