Zakaria Boualem a vibré avec l'Algérie

Par Réda Allali

Depuis le début de cette Coupe du Monde, Zakaria Boualem observe une règle de conduite très simple : il met en veilleuse son statut de supporter de l’équipe nationale. Il sait très bien, le bougre, qu’il suffit de se souvenir de notre sort pour se pourrir la vie. Regarder les matchs en se lamentant sur notre absence, se demander ce qu’on aurait fait à la place de telle ou telle équipe, comparer les rages de vaincre qui éclaboussent l’écran et les mines tristouille de nos lions, voilà le meilleur moyen de passer à côté de cette compétition merveilleuse. Il se considère donc comme un citoyen du monde, qui profite du spectacle en encourageant de façon incohérente une équipe ou son adversaire au gré des matches, des performances et de l’arbitrage. Il est un touriste footballistique qui a suffisamment souffert dans sa vie de supporter pour prendre le parti de ne retirer de ce mois de foot que du bonheur. Jusque-là, il est parvenu à respecter cette posture mentale et il a passé des très bons moment hamdoullah. Mais lorsque l’Algérie joue, c’est un peu plus compliqué. Parce qu’ils nous ressemblent, parce que nous les avons battus quatre à zéro il y a trois ans, parce que Vahid a gagné une ligue des champions avec le Raja, etc… Oui, Zakaria Boualem se sent concerné, forcément.

Face à l’Allemagne, les Algériens ont été héroïques. Ils nous ont offert une soirée magnifique. Il y avait du suspense, du courage, quelques miracles et enfin des larmes. Les Algériens sont capables de générer une telle masse de chaos qu’ils ont foutu le bordel au cœur même de la grande équipe d’Allemagne, c’est prodigieux. Ca s’est passé à la 87eme minute, sur un coup franc. Les Allemands ont proposé une combinaison alambiquée, Muller s’est pris les pieds dans le tapis, et le coup franc a terminé lamentablement dans le mur. On ignore si la chute du buteur était prévue ou s’il s’agissait d’une incompréhensible maladresse, mais le résultat était grotesque, un extrait de l’houwate. Si cette chose était une mise en scène, il faut rendre hommage aux Algériens, ils ont semé une telle confusion dans les esprits allemands que ce bon Low en est arrivé à imaginer que ce truc profondément burlesque, à des années lumière de la tradition germanique était une bonne idée pour venir à bout de la résistance de leurs adversaires. Bravo, donc, et merci.