L es vieux réflexes ont la peau dure au Mouvement populaire (MP). Même si tout semblait avoir été bien préparé pour éviter les mauvaises surprises, à commencer par convaincre Lahcen Haddad de se retirer de la course, l’élection du secrétaire général à bulletins secrets s’est déroulée dans la grande pagaille. Alors que Mohand Laenser est l’unique candidat, certains congressistes décident pourtant de glisser plusieurs bulletins dans l’urne. « L’issue normale d’un tel congrès devrait être la saisine de la justice, pour tout reprendre à zéro. Mais on ne peut rien faire face à un secrétaire général qui, quelques heures après sa réélection, reçoit un message de félicitations du roi », commente un jeune cadre du parti. A la Haraka, les choses ont toujours été ainsi, et le chemin du changement est encore long. C’est aussi et surtout un parti qui a toujours été géré grâce à des réseaux, familiaux entre autres, qui lui ont permis de s’imposer dans toutes les régions du pays. Dans son premier cercle, on retrouve le secrétaire général, ainsi que l’entourage de l’ancienne députée Halima Assali.
Moyen-Atlas, le cœur battant
A Immouzzer Mermoucha (province de Boulemane), inutile d’essayer de concurrencer Mohand Laenser. Le SG du MP y a vu le jour et s’y fait élire depuis plus de vingt ans (son premier mandat de député date de 1993). « C’est une région où la tribu compte beaucoup et où les gens sont très sensibles au discours amazighophile », analyse un dirigeant du MP. Et ce n’est pas tout. A une cinquantaine de kilomètres de Fès, plus précisément dans la région de Sefrou, le chef des Harakis dispose de l’un de ses plus solides appuis. « C’est dans cette ville que la Haraka a été créée, entre autres par Lahcen Lyoussi, Abdelkrim Khatib et Mahjoubi Aherdane », affirme un vieux routier du mouvement. Mohand Laenser a toujours gardé de très bonnes relations avec les fils de Lahcen Lyoussi, également premier ministre de l’Intérieur du Maroc indépendant, et surtout avec Moha, un ancien député très écouté par la tribu des Aït Youssi. Et qui dit respect dit milliers de voix lors des différentes élections. Mais dans le Moyen-Atlas, il n’y a pas que Sefrou et ses environs qui comptent pour le MP. La région de Khénifra est le fief de celle que l’on surnomme « la dame de fer du Mouvement Populaire ». Halima Assali, ancienne députée et actuelle membre de la direction du parti, est une femme redoutable d’efficacité. « Elle était la seule à pouvoir avoir à sa table Mohand Laenser, Bouazza Ikken et Mahjoubi Aherdane. C’est en grande partie grâce à elle que la famille harakie a été réunifiée en 2006 », affirme un dirigeant du MP. Cette année-là, le Mouvement national populaire (MNP), le Mouvement populaire (MP) et l’Union démocratique (UD) avaient décidé de constituer un seul et même parti. La page des scissions était tournée. Pas loin de Khénifra et de Halima Assali, son gendre Mohamed Ouzzine a jeté son dévolu sur la région d’Ifrane et Azrou. En plus d’être député, il est président de la commune rurale de Oued Ifrane. « Tout ramener à mes liens de parenté avec Madame Assali est très réducteur », nous répond-il quand on l’interroge sur sa carrière au sein du MP.
Les dynamos du MP
Saïd Ameskane, ancien ministre, est l’un des vieux caciques qui ont toujours leur mot à dire au sein de la Haraka au niveau central. Lors du dernier congrès, c’est à lui qu’a été confiée la présidence de la commission des accréditations des congressistes. En plus d’être un homme incontournable dans la région d’Ouarzazate, il fait partie des dynamos du MP aux côtés d’autres dirigeants. A Rabat, Abdelkader Tatou, député et ancien SG du ministère de la Jeunesse, maîtrise l’organisation sur le bout des doigts et compte sur d’autres appuis comme Driss Sentissi à Salé. Sans oublier Mohamed Fadili, deuxième vice-président de la Chambre des conseillers. Homme fort de la Haraka dans le Rif, il est pressenti pour prendre le poste de président du conseil national, un poste créé en vertu d’une décision du 12e congrès. Au niveau central, on trouve aussi l’ancien ministre du Commerce extérieur, Mostafa Méchahouri. « Il est le technocrate par excellence du parti en plus d’avoir son mot à dire dans la région d’Azilal d’où il est originaire. L’une de ses grandes qualités est de rester en dehors des guéguerres qui secouent le MP de temps à autre», explique un cadre du MP. A Casablanca, Abdelhak Chafik, coordinateur régional, a longtemps fait la pluie et le beau temps dans les rangs du parti. Juste avant le congrès, il a jeté l’éponge et démissionné. Officiellement parce que toute la région de Casablanca n’a eu droit qu’à une trentaine de congressistes, un quota jugé insuffisant. Officieusement parce que son soutien à l’élection de Lahcen Haddad au poste de SG a été un grand échec. « Son erreur a été d’essayer de jouer sur les clivages entre âroubis et Amazighs alors que nous avons dépassé ce genre de raisonnement depuis longtemps », commente un dirigeant haraki. Pour le remplacer dans la région, les rênes du MP dans le Grand Casablanca ont été confiées à Saïd Hasbane, président de l’arrondissement El Fida.
La relève se profile
Dans les rangs de la Haraka, on parle aujourd’hui des « orphelins d’Aherdane » : ces vieux militants qui ont eu leur heure de gloire grâce à leur proximité avec le fondateur du MP et qui n’est plus lui-même dans le coup pour des raisons de santé. Il s’agit essentiellement d’un groupe d’anciens ministres comme Mohamed Mourabit, Mohamed Mohattane ou encore Mostafa Maouni. Mais la relève est là avec de jeunes profils qui percent lentement mais sûrement au sein de la famille harakie. Au-delà de Mohamed Ouzzine, il s’agit de Lahcen Sekkouri, actuel chef de cabinet de Mohand Laenser au ministère de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire. Ce quinquagénaire était même pressenti pour figurer dans le gouvernement Benkirane II. Il l’était aux côtés d’une autre étoile montante : Khadija Morabit Oum Al Bachair. Avec une solide expérience dans le domaine du tourisme et de l’hôtellerie, elle est la présidente de la section des femmes harakies depuis janvier 2014 et succède à feue Zahra Cheggaf, ex-députée sahraouie. Au nord, Mohamed Laârej, universitaire et député, fait partie de la nouvelle élite du MP. A Azrou, la jeune députée Loubna Amhair semble bien partie pour faire parler d’elle. « C’est cette élite qui va nous permettre de mieux nous enraciner dans le milieu urbain », explique un cadre du MP. Prochaine étape décisive pour ce parti qui vient de reconduire Mohand Laenser pour un quatrième mandat : gagner le pari des prochaines élections communales qui se tiendront en juin 2015. « Nous sommes décidés à remporter cette bataille et mieux nous positionner sur l’échiquier politique national », nous confie Mohamed Ouzzine. Et préparer une autre échéance non moins importante, à savoir les élections législatives de 2016 qui décideront du sort du gouvernement et d’un nouvel échiquier politique.
Le mp représente a lui tout seul ce qui va mal avec les partis politique actuel, pas de démocratie interne, clientélisme, compte sur ces « notables » et pas sur un vrai programme politique, pas de politique d’avenir, en plus d’être bien mou…le jour ou les marocains se décideront de voter avec leur tête, ce parti et tariktou ne peuvent que disparaître. Ce genre de parti est littéralement une insulte au marocain (comme l’écrasante majorité des parti marocains…).