Toujours en direct de São Paulo, l’infatigable Zakaria Boualem vous adresse cette nouvelle missive en se demandant s’il va revenir un jour. Petite précision pour commencer : notre héros a décidé d’arrêter tout type de comparaison entre le Brésil et le Maroc, il a chassé de son esprit notre ambition absurde d’organiser cette fête phénoménale chez nous, c’est l’unique attitude qui lui permette de profiter de l’événement sans s’énerver chaque dix minutes, et merci.
Il a donc vu Pays-Bas/Chili hier après-midi à l’Arena Corinthians, le stade tout neuf de l’équipe la plus populaire de la ville. Un match plutôt terne entre deux équipes déjà qualifiées, mais une ambiance magnifique dans l’enceinte du stade. Des Chiliens nombreux et joyeux, des Hollandais d’une remarquable créativité lorsqu’il s’agit de décliner toutes les possibilité qu’offre la couleur orange. Mais aussi des supporters brésiliens, venus avec le maillot de leur équipe ou de leur club, des animations, de la musique, et surtout aucune espèce de tension. Puis, Zakaria Boualem est allé en ville pour le match de la seleçao.
Peu de choses au monde dépassent en intensité la ferveur des Brésiliens pour le football. Tout a déjà été écrit sur le sujet, et pourtant c’est surprenant. Il faut voir le truc sur place pour comprendre de quoi il s’agit. On parle ici d’une ville entière qui s’habille de jaune, qui sort dans les rues pour partager l’expérience collective devant les écrans des cafés. On parle de centres commerciaux modernes qui ferment leurs portes sans complexe pour la durée du match, un lundi après-midi dans une ville commerciale. Zakaria Boualem a fait part de son étonnement à un type qui lui a répondu qu’il s’agissait là d’un manque de sérieux, lui-même ayant fermé sa boutique depuis le matin… Un pays entier tendu vers le même objectif, et si vous voulez avoir une idée de la puissance du phénomène, il n’y a que la fête du mouton qui puisse ressembler à ça chez nous. Il a vu les quatre buts du Brésil, quatre secousses telluriques qui parcourent le pays. Même les ralentis génèrent des cris de joie. Et puis la fête dans les rue, les avenues bloquées, les groupes de percussions qui surgissent et transforment le tout en gigantesque fiesta. Heureux d’avoir vécu ça, Zakaria Boualem vous salue, et merci.