Un Marocain revient sur son expérience du jihad en Syrie

Rachid Lemlihi est parti faire le jihad en Syrie... avant de regretter. Dans une interview, il décrit les conditions de vie et les rivalités entre factions.

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Crédit : Wikipedia.

Rachid Lemlihi est parti jusqu’en Syrie pour faire le jihad et combattre l’armée de Bachar Al-Assad. Une fois confronté à la réalité du terrain, le jeune homme de 24 ans a décidé de rentrer au Maroc, où il a été arrêté dès son arrivée. Magharebia l’a rencontré dans la prison de Salé où il est incarcéré en attendant son jugement.

Né en 1981 à Tétouan, Rachid Lemlihi est marié et a 34 ans. S’il est issu d’une famille conservatrice, il n’a « jamais été extrémiste ou radical ». Il se décrit même comme « un homme normal ».

Une vocation née sur… Facebook

Comment le jeune homme a t-il alors franchi le cap ? D’après lui, en regardant les informations véhiculées par Internet :

J’étais accro aux sites des réseaux sociaux, surtout à Facebook, et je passais des heures à naviguer sur les sites web. Je me sentais mal quand je voyais ou entendais parler des souffrances du peuple syrien […] alors je suis parti en Syrie… pour aider.

Un de ses voisins déjà parti l’a aidé à organiser son voyage, est venu le chercher à l’aéroport en Turquie puis l’a amené en 4×4 à la frontière syrienne.

Le jihad de luxe

Une fois arrivé en Syrie, Rachid Lemlihi est resté deux mois dans ce que ce que les combattants appellent « une maison d’hôtes ». Le jeune Marocain la décrit comme un logement luxueux dans lequel on ne manque de rien, avec « de larges espaces de réception, des chambres entièrement meublées et climatisées, des téléviseurs à écran plat […], plein de boissons et de plats délicieux. » Il avoue sa surprise tant cette réalité contrastait avec ce qu’il avait imaginé : « J’étais tout bonnement émerveillé. »

Rachid dit également avoir été beaucoup surpris par les rivalités meurtrières entre factions :

Il y avait des jeunes Marocains dans un groupe venu combattre contre les forces de Bachar, qui se sont retrouvés à lutter contre d’autres Marocains appartenant à un autre groupe. Nous étions venus lutter contre l’armée d’Al-Assad et soutenir le peuple syrien, mais nous avons été choqués par une autre réalité ; des factions et des fronts luttant les uns contre les autres, tandis que les forces d’Al-Assad se renforcent et tuent tout le monde.

Tout aussi perturbant : l’indifférence voire la méfiance des civils :

J’avais l’impression que même les Syriens dans la campagne autour d’Alep ne faisaient pas confiance à ce groupe [EIIL, ndlr) et ne nous voyaient pas d’un bon œil… Ce sont de simples citoyens qui aspirent à vivre en paix et en sécurité […] J’ai été très troublé de m’en apercevoir.

Et enfin, le retour

R. Lemlihi a finalement perdu la force de conviction qui l’animait initialement :

J’ai eu peur de mourir pour une cause dans laquelle je ne croyais plus. J’ai commencé à ressentir que ma présence en Syrie était une grande erreur.

Rachid explique alors avoir choisi délibérément le retour au Maroc en se sachant attendu par les autorités :

J’avais alors trois options : rester et mourir pour une cause dans laquelle je ne me reconnaissais pas ou à laquelle je ne croyais plus ; partir en Turquie ou ailleurs où je vivrai seul jusqu’à ma mort ; ou rentrer et en supporter les conséquences.

Il a opté pour cette dernière, avant d’être arrêté par les autorités marocaines, dès son arrivée à l’aéroport.

> Relire notre dossier Sur les traces des jihadistes marocains en Syrie.

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    1. tu mélange tout, a la base c’est une idée noble, « se sacrifier pour aider une population massacré par un tyran », sauf que les choses ne sont pas aussi simple, la réalité est toujours plus compliqué,

      ce n’est pas un salopard, lui au moins, il s’est trompé et il reconnait son erreur..
      et contrairement a ce que tu pense, sa parole et son témoignage, permettrons surement a beaucoup d’autres de ne pas commettre la même erreur que lui, d’où l’intérêt qu’il s’exprime,
      mais le summum de la bêtise c’est de mettre tout ça sur le dos des sionistes, ben, puisque c’est pas la faute des algériens,..

      c’est jamais notre faute, c’est toujours a cause des autres…

      1. Toi aussi tu mélanges tout…une idée noble tu dis? Les plus grands massacres de l’histoire de l’humanité ont tous pour origine des ‘idées nobles » . Ca dépend du point de vue qu’on adopte.

        Le mec en question, ce djihadiste qui a vraisemblablement lui aussi tué des gens (ou y a contribué) est un salopard. Il reconnait qu’il s’est trompé, oui! Mais reconnaitre son erreur n’est pas suffisant. Il était marié, il a laissé sa femme et il est parti tuer des gens qu’il ne connait pas dans un pays qui n’est pas le sien, pour une cause dont il n’a pas grande connaissance: Il est un salopard, il doit être puni.

        Sa parole ne va probablement pas servir de témoignage: Est-ce que tu crois que les djihadistes potentiels lisent Telquel? Est-ce que tu crois que quelqu’un qui a fait l’objet d’un lavage de cerveau intensif va croire ce qu’il lit dans les journaux? Ca c’est un manque flagrant de pragmatisme de ta part « bram »

        « Le sumum de la bêtise » tu dis, quelle arrogance!.Sionisme ou pas Sionisme comment peut-on nier catégoriquement le soutien ou l’absence de soutien d’israel à ses djihadistes? Nier catégoriquement une hypothèse qui peut avoir des arguments en sa faveur, ça c’est le sumum de la bêtise.

        Bram tu es tout aussi con que Khmiss mais tu ne t’en rend pas compte.

    2. Le sionisme est l’équivalent de l’Apartheid et ses dirigeants font tout pour le cacher. Trop tard ! BDS est là pour encourager tous les peuples du monde LIBRE à boycotter cette entité raciste, meurtrière et abjecte.
      Tant que les Arabes seront divisés par la volonté « crasse » de cette mafia et payé par les turbannés du golf, les sionistes seront à la fête.
      Mais tout a une fin et la leur n’est pas très loin.
      Vive Assad, le seul Arabe qui ne s’agenouille pas devant l’immonde .