Tout ce que vous devez savoir sur Daesh (EIIL)

Les villes irakiennes tombent les unes après les autres aux mains des combattants de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Le groupe ultra-radical inquiète la communauté internationale.

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Exécution sommaire de soldats irakiens par la rébellion jihadiste. Photo : AFP

Plus attrayant qu’Al-Qaïda pour les jihadistes étrangers, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, dit Daesh en arabe) est composé majoritairement de combattants étrangers affluant pour prêter main forte au groupe armé, au point de devenir un problème sécuritaire anticipé par de nombreux pays, dont le Maroc. En effet, le royaume intercepte régulièrement des candidats au jihad en partance ou de retour de Syrie, un des front où Daesh est actif. En mars 2014, ces derniers étaient estimés à 1250 combattants, selon une source sécuritaire qui s’était confiée à TelQuel. 

Lire aussi : Sur les traces des jihadistes marocains en Syrie

Le groupe, formé en avril 2013, est aujourd’hui l’un des plus puissants de la Syrie en guerre, et est extrêmement bien implanté en Irak, sa base arrière, où il enchaîne les victoires militaires et multiplie ses butins de guerre.

Ces dernières semaines, une inquiétude particulière a surgi dans les agendas des gouvernements occidentaux, mais également dans les pays arabes : l’afflux toujours plus important de combattants étrangers dans les rangs de l’organisation.

Puissance militaire et politique de la terreur

Présent dans une grande partie du nord ouest de l’Irak et de l’est de la Syrie, le groupe contrôle aujourd’hui des axes vitaux dans la région, telle l’autoroute menant de Bagdad à la frontière jordanienne, menaçant fortement le ravitaillement de la capitale irakienne. Depuis le début de l’offensive contre l’Irak le 6 juin, l’organisation a annoncé avoir recruté 12 000 combattants irakiens, issus d’une large coalition composée de chefs de guerre, de nostalgiques de Saddam Hussein, et de groupes armés locaux.

Lors de la prise de Mossoul le 10 juin, Daesh a mis la main sur des armes, munitions et véhicules américains, dont, semble-t-il, six hélicoptères Black Hawk. Et ça ne s’arrête pas là : le groupe a dérobé près de 430 millions de dollars en liquide de la branche de la banque centrale irakienne, selon une déclaration du gouverneur de la province de Mossoul, et a donc les moyens de maintenir son économie de guerre, maintenant en place depuis 2013. Ainsi, Daesh, qui paye ses combattants, a là de quoi assurer un salaire de près de 5 000 dirhams par mois pour 60 000 combattants et ce pendant un an. Un argument de taille dans une zone où le chômage fait des ravages et où l’autorité centrale ne paye plus les soldes des milices pro-gouvernementales depuis janvier.

En plus de son arsenal, de combattants formés au combat grâce à l’expérience acquise contre les troupes américaines et des moyens financiers, l’EIIL a aussi une grande force de frappe médiatique et annonce un nombre élevé d’exécutions à coup d’images de propagande sur les réseaux sociaux. Au lendemain de la prise de la ville, ils annonçaient l’exécution de 1 700 soldats chiites de l’armée irakienne. Une application développée par Daesh et disponible sur Google Play (supprimée depuis) permet au groupe de disposer d’une force de frappe phénoménale sur les réseaux sociaux, en utilisant les comptes Twitter de ses utilisateurs.

Dès le 14 juin, des photos d’exécutions de masse, diffusées par Al-Furqan Media Productions, l’agence de presse d’EIIL, ont été publiées. Quoique partiellement retouchées et invérifiables, elles attestent malgré tout de la violence du groupe armé.

Surfant sur l’exacerbation des tensions communautaires dans le pays, où les Sunnites accusent le gouvernement de Nouri Al-Maliki de les oppresser et de les humilier, les combattants de Daesh trouvent un terrain fertile et complaisant lors de leurs incursions, au point qu’un rapport d’International Crisis Group, parle d’un « pacte avec le diable » entre les populations locales et l’EIIL.

Si les méthodes ultra-violentes du groupe posent question, il n’en reste pas moins qu’elles trouvent dans les populations locales, exaspérées par le comportement de la majorité chiite, un allié objectif à leur progression.

Menaces sur le cours du pétrole

Autre motif d’inquiétude, la menace planant sur la capacité du pays à maintenir sa production pétrolière, qui devrait compter pour 60 % de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole au cours de la prochaine décennie, et dont l’instabilité politique fait peser une incertitude à long terme sur les cours de la matière.

Si le cours du brut n’a pas connu d’augmentation significative depuis le début de l’offensive jihadiste, les centres de production irakiens se trouvant dans le sud du pays, toujours contrôlé par l’État, et dans les régions kurdes, quasi-autonomes et n’ayant pas été prises par l’EIIL, l’attaque sur la principale raffinerie du pays a posé de sérieux problèmes de ravitaillement sur le plan national.

(traduction: Crise irakienne: La raffinerie de Baiji aux mains de l’EIIL)

Sur le long terme, la place que devait prendre l’Irak en termes de production pétrolière pourrait cependant être menacée par la force croissante de l’EIIL. La capacité de Daesh à menacer les infrastructures d’extraction et d’exportation du pétrole pourrait non seulement réduire les capacités de production irakiennes, et donc l’offre mondiale, mais également mener à un retrait des investisseurs, découragés par un risque sécuritaire évident.

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