Zakaria Boualem est à São Paulo, il a l’impression d’être sur une autre planète. Vingt millions d’habitants, 100 kilomètres de long sur 80 de large, nous sommes aux confins de l’absurde. Imaginez ça : vous prenez un taxi au Maârif et vous lui donnez l’adresse de votre hôtel, disons boulevard Banafsaj à Temara Ville… Il faut trouver un sérieux sujet de conversation, vous risquez même de devenir pote. Mais le sujet est trouvé, le foot, évidemment, la passion est phénoménale. Portrait de joueurs dans chaque magasin, sur chaque écran. Neymar vend des téléphones, Fred des machines à laver, Cafu des assurances, Pelé des supermarchés et Roberto Carlos un produit que Zakaria Boualem n’a pas réussi à identifier.
Ici, quand vous achetez un maillot de la seleção, on vous propose un crédit sur six mensualités tranquille. Dans la plupart des pays du monde, on réserve le crédit au logement ou au véhicule. Chez nous, on a ajouté le mouton, et ici, c’est les maillots de foot. Ils regardent tous les matchs, commentent toutes les actions, s’arrêtent de respirer quand leur équipe joue, c’est un culte fervent et festif.
Quand on se présente, on donne son nom et son club. Dès qu’il peut, Zakaria Boualem parle du Raja, tous les supporters brésiliens connaissent l’équipe à cause de la dernière coupe du monde des clubs, certains se souviennent même du match contre le Corinthians en 2000. Jamais l’égo de notre héros n’a plané aussi haut, il est reconnu, il existe dans le temple du football, il a pris dix centimètres de plus. Il est en transe, notre homme, qui s’apprête à aller au stade pour Pays-Bas / Chili. La suite arrive, et merci.