Suarez, ou la prodigieuse arme de l'asphyxie mentale

Par Réda Allali

Les Anglais ont encore perdu. Zakaria Boualem aurait pu vous parler de la phénoménale culture de la loose que cultive cette équipe depuis sa victoire à domicile en 1966. On parle ici de 48 ans de misère, il faut se rendre compte du truc… Dans la même période, ces braves Anglais ont gagné 29 coupes d’Europe, allez y comprendre quelque chose. Il aurait pu vous parler de leur invraisemblable ponctualité au rendez-vous de la déception. Il aurait pu développer ce concept de culture de la loose, notre héros. Expliquer comment à force de perdre, on finit par s’y habituer, on ne se révolte plus… Expliquer comment le simple fait d’envisager la défaite vous condamne d’avance. Il aurait pu vous raconter tout ça le Zakaria Boualem, mais il aurait eu tort.

Parce que la vérité, c’est que les Anglais ont été battus par Suarez, c’est tout. Cet homme est prodigieux, il détient dans ses entrailles une volonté de vaincre telle qu’il peut servir de générateur puissant à n’importe quelle équipe. S’il était né plus tôt, ni l’Espagne ni le Portugal n’auraient pu coloniser l’Amérique du Sud. Zakaria Boualem a lu un article dans lequel un psy, au sujet de Suarez, parlait d’asphyxie mentale, cette capacité à étouffer son adversaire, à le submerger par sa volonté de vaincre. On a tous un pote comme ça, le type qui, lorsqu’il joue aux cartes, vous casse tellement la tête que vous avez envie de le laisser gagner pour qu’il vous foute la paix. L’asphyxie mentale… toutes les armes sont utilisables sans exception. Suarez n’a même pas eu besoin d’en arriver là. Deux buts qui semblaient inscrits dans l’ADN du match, une victoire pour son pays, et merci. Bravo.