Trois indices, même constat. Le Maroc va mal. De plus en plus mal. La dernière livraison des statistiques du Haut commissariat au plan révèle un coup de blues chez les ménages. Leur indice de confiance reste à son niveau le plus bas (voir p. 46) : les familles marocaines croient en l’augmentation du coût de la vie et de la hausse du chômage, elles font donc attention à leur consommation et redoutent la baisse de leurs revenus.
Deux semaines auparavant, il y a eu la publication du baromètre de conjoncture établi par la confédération patronale. Là encore, une majorité des 600 chefs d’entreprises sondés ont une mauvaise perception de la situation économique. Les employeurs mettent l’accent sur les difficultés de trésorerie, critiquent âprement le climat général des affaires, restent préoccupés par la crise des finances publiques et se montrent sceptiques quant à l’action gouvernementale. Les résultats de ce sondage corroborent les données de l’enquête de conjoncture, menée par Bank Al-Maghrib dans le secteur industriel et rendue publique fin avril. L’institut d’émission nous informe que moins d’un industriel sur trois juge le climat général des affaires comme « bon ».
Vus de loin, ces clignotants au rouge reflètent une image sinistre du Maroc. On penserait que les rues du royaume bouillonnent. On penserait qu’il n’est pas possible de faire 20 mètres sans croiser une famille qui dresse une tente devant la porte de l’immeuble d’où elle vient d’être expulsée ; ou sans tomber sur un chef d’entreprise qui se passe la corde au cou ou qui se défenestre. Hamdoullah, on n’en est pas là. Evidemment, les scènes de misère ou de violence font partie de notre décor urbain et les manifestations de contestation prennent parfois des formes originales (des commerçants d’Inezgane qui creusent leurs propres tombes, des hommes ou des familles qui se mettent en vente, un flic qui s’enchaîne au grillage du CNDH…), mais on est loin d’être au bord du désespoir. Au contraire, il y a même moyen de voir le verre à moitié plein.
Lisez la suite dans le numéro 620 de TelQuel, en kiosque du 16 au 22 mai.