Le réseau international de la concurrence a tenu, cette semaine, sa 13e rencontre à Marrakech. Une belle occasion (encore une) pour mettre en exergue les avancées du Conseil marocain de la concurrence. Justement, parlons avancées en se limitant à la reproduction du discours officiel.
Après son « activation » en 2008, le Conseil de la concurrence plaide, dès 2009, pour la nécessité d’un renforcement des structures, des compétences et des prérogatives régaliennes. Sans chercher un lien de cause à effet, en 2011 la nouvelle Constitution consacre l’idée, poétique pour l’heure, d’une autorité indépendante chargée de veiller à une concurrence libre et saine. Trois ans plus tard, un projet de loi est déposé au parlement et risque de ne pas en sortir… « indemne ». Que faut-il déduire de cette trajectoire ?
La concurrence est une affaire de mœurs, comme les lois d’ailleurs. Et les mœurs politiques au Maroc vivent dans deux mondes parallèles : dans l’un, les hommes (et les femmes) maintiennent volontairement le statu quo, dans l’autre, ces mêmes acteurs plaident, mais sans conviction, pour un changement radical. Des fois, grâce au « génie » humain, ou à son insoutenable légèreté, les deux mondes s’accouplent pour donner naissance à une gouvernance bâtarde. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’idée, en vogue à partir des années 1990, qui tendait à moderniser la justice commerciale tout en maintenant la justice (tout court) dans sa médiocrité. Idem pour la fiction des guichets uniques d’investissement… Et bien entendu, bien plus tard, du Conseil de la concurrence. Conséquence logique, cette schizophrénie a une limite et un tribut que le Maroc paiera tôt ou tard.