Un nombre de plus en plus important de jihadistes marocains vont en Syrie. Profitant de la crise politique, ils se font une place au sein des mouvements extrémistes locaux. Le centre de recherche Carnegie Endowment a récemment étudié le phénomène. Décryptage.
Les forces de l’ordre marocaines ont procédé au démantèlement de plusieurs cellules terroristes durant les deux derniers mois. Le but de ces organisations était de recruter des combattants marocains sensibles aux causes extrémistes en vue de combattre sur le front syrien.
Un contingent marocain dépassant le millier de personnes
Le nombre de jihadistes marocain « établis » en Syrie est estimé entre 1 000 et 1 500 personnes. La première vague de combattants a atteint le pays de Bachar Al Assad au début de l’année 2012. Depuis, des Marocains venant du Maroc et de l’étranger ont rejoint de nombreux groupes terroristes. Le front Al-Nosra est le groupement terroriste le plus important parmi les jihadistes marocains. Ce front dirigé par Abou Mohamed Al Joulani vise à établir un califat islamique en Syrie et à instaurer la Charia.
Al-Nosra doit faire face à la « concurrence » de l’Etat Islamique en Irak et au Levant ( EIIL), une organisation qui regroupe de plus en plus de Marocains. Au sein de l’EIIL, la plupart des combattants marocains font partie de l’infanterie. Certains d’entre eux, parviennent toutefois à atteindre des positions de commandement comme Abdel Aziz Mehdali (connu également sous le nom d’Abou Oussama Al Maghribi). L’EIIL est le deuxième groupe le plus populaire derrière le groupe Ahrar Al Sham (Libres du Levant). Ce dernier rassemble entre 500 et 700 soldats marocains. L’ancien détenu de Guantanamo, Brahim Benchekoun était, jusqu’à son récent décès, le leader d’Ahral Al Sham. Le terroriste était une figure influente pour les Marocains présents sur le front syrien.
Lavage de cerveau en Syrie
Les motivations des combattants marocains sont de deux ordres : logistiques et idéologiques. Pour les combattants marocains, il est plus aisé, d’un point de vue logistique, de combattre sur le front syrien que d’autres théâtres de guerre. Le voyage est considéré comme facile et peu couteux. La plupart des combattants viennent seuls ou en petits groupes après avoir établis des contacts sur le territoire syrien.
D’un point de vue idéologique, la Syrie est considérée comme un lieu où les musulmans et les « mécréants » combattront lors de la « fin des temps ». Une fois arrivés en Syrie les jihadistes sont soumis à un lavage de cerveau, et entrainés au combat et à l’utilisation d’armes. Le lavage de cerveau est d’ailleurs d’une telle efficacité que même les nouvelles recrues les plus radicales se radicalisent encore plus.
Recrutement via Facebook
La plupart des salafistes provenant du territoire marocain sont originaires des villes du nord du pays comme Tanger, Salé, Casablanca ou encore Fès. Des villes où les mouvements salafistes sont présents, et dans lesquelles le taux de chômage chez les jeunes est élevé. Le processus de recrutement se fait au plus petit niveau, et est effectué à travers Facebook. Une tendance qui s’explique par l’utilisation des réseaux sociaux par les jihadistes combattant en Syrie. A l’étranger, ce sont généralement des Marocains issus de la deuxième ou troisième génération d’immigration vers l’Europe qui mènent la guerre sainte en Syrie.
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