Football. CHAN 2014, ce qu’il faut en retenir

Par Réda Allali

Sans préparation, cette équipe improvisée a été éliminée en quart de finale par le Nigeria, s’écroulant corps et âme après avoir mené 3 à 0. Que peut-on retenir de cette participation ?

Nous avons tout fait à l’envers : le CHAN était conçu à la base pour offrir du temps de jeu aux joueurs des championnats africains barrés en sélection A par les pros évoluant en Europe. Elle prend tout son sens si le sélectionneur national des A est en charge des locaux. Il peut alors élargir son groupe, renforcer l’expérience collective, réévaluer ses joueurs pour revenir plus forts dans la seule compétition qui compte : la CAN. C’est ce qu’a fait le Nigeria qui nous a battus, puisque c’est le même Stephen Keshi qui gère les deux sélections. Nous n’avons pas de sélectionneur national, même pas de fédération pour le nommer. Cette sélection locale, confiée à Hassan Benabicha, tout juste deux semaines avant le début de la compétition, va disparaître aussitôt, sans qu’on puisse réellement capitaliser sur cette participation.

Trop de mauvais choix : Le premier match a été joué avec un Hachimi improvisé arrière gauche, le seul spécialiste de la liste était Karrouchi, il s’est blessé dès son arrivée en Afrique du Sud. Les prolongations contre le Nigeria ont été abordées avec Chakiren milieu de terrain, un poste où il n’a jamais évolué. Les Asbahi ou Karti, vrais milieux de terrain, gardés au chaud sur le banc, trop tendres… Deux exemples, et ils ne sont pas les seuls, d’une listé bâclée. Une liste où figurait le jeune Mohamed Saïdi, du WAC, qui n’a jamais disputé un match plein en championnat. Dans quel autre pays arrive-t-on en sélection sans jamais avoir été titulaire en club ?

Nous n’avons pas de patron : Mener 3 à zéro à la mi-temps et finir par être éliminé, voilà qui n’est pas courant. Si la responsabilité de Benabicha est engagée sur cette gestion catastrophique de la seconde mi-temps, il faut reconnaître que, même sans coach, on devrait pouvoir s’en sortir avec une telle avance. Pour cela, il faut des patrons sur le terrain, des hommes qui sentent le jeu, gèrent un résultat, mettent de l’ordre quand l’équipe prend l’eau, assument leur responsabilité. Naybet etSafri sont les derniers exemples en date, nos clubs ne produisent plus ce genre de joueurs.

Faibles physiquement : Toutes nos deuxièmes mi-temps ont été faibles. Le naufrage rocambolesque contre le Nigeria a été avant tout physique. Joueurs cuits, incapables d’avancer… Normal, ils jouent peu. Dans notre petite Botola, la phase aller se limite à 15 matchs, 15 matchs depuis l’été, 15 matchs de basse intensité, massacrés par les arrêts de jeu et les simulations. Physiquement, ils peinent à tenir 90 minutes. A défaut d’une préparation spécifique – voir celle du Raja pour la Coupe du monde-, ils explosent en fin de match.

Le cas Lemyaghri : Souvent pris en défaut avec le WAC en championnat, le vétéran est en bout de course. S’il serait injuste de lui faire porter la responsabilité de la défaite, on ne peut s’empêcher de penser qu’il suffit aux attaquants adverses de cadrer pour marquer, surtout à mi-distance. Il est temps de tourner la page, c’est une évidence que nous refusons d’admettre depuis trop longtemps. Problème : on n’a jamais préparé la relève. Pire, on ne sait même pas qui est le numéro 2.

La Révélation El Ouadi : L’attaquant a crevé l’écran. Rapide, intelligent, il respire le football. Impliqué dans cinq des sept buts marqués lors du tournoi, il débarque au Raja avec un statut de star. Acheté 2,7 millions au WAF, il reste à espérer qu’il ne se perde ni dans la nuit casablancaise, ni dans les tourbillons d’une ascension trop rapide.