Le 17 février 1989, Hassan II réussit un coup de maître : la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA). L’objectif est de neutraliser quelques animosités intra-maghrébines et mettre le dossier du Sahara au centre d’une union qui n’avancera pas au-delà de son rôle protocolaire. Mohammed VI, alors prince héritier, signe son doctorat d’Etat le 29 octobre 1993, sur la coopération CEE-Maghreb. Une thèse qui fait la part belle à une intégration économique entre les pays du Maghreb. Le patronat marocain a oublié ce détail et n’a pas fait référence à cette thèse lors des travaux du 3e Forum de l’Union maghrébine des employeurs (UME), tenus à Marrakech. De 1989 à 2014, l’UMA s’est complue dans un sommeil profond. L’UME, elle, a repris le flambeau depuis 2009 avec cette ambition de renforcer les liens commerciaux pour aboutir à une intégration économique. Objectif qui reste difficile à atteindre.
L’UMA et son bras économique resteront hypothéqués par le conflit politique qui oppose Rabat à Alger. La création du marché commun en Europe n’a été possible qu’après la mise à plat des conflits frontaliers entre la France et l’Allemagne. Et tant que le confit du Sahara n’est pas définitivement résolu, le discours diplomatique creux primera sur l’action sur le terrain. Le patronat maghrébin n’a pas la force nécessaire pour imposer une ligne de conduite aux politiques. Quand la richesse et les effets de levier émanent des systèmes politiques, il est difficile de prétendre à une indépendance « idéologique » qui pourrait forcer la main des dirigeants des pays du Maghreb. Le Forum de Marrakech a été une belle valse diplomatique fort colorée, et sans une volonté politique, il restera, comme les forums à venir, sans résultat probant.