Nouvelle gifle royale pour le gouvernement Benkirane. Le roi a reçu mercredi dernier le Haut commissaire au plan, Ahmed Lahlimi. Que se sont-ils dit ? On n’en saura rien. Enfin si, deux petites choses, divulguées par le communiqué du cabinet royal. On y apprend que le souverain s’est enquis des préparatifs du recensement général de la population prévu en septembre prochain. Et, par ailleurs, que Mohammed VI « a réaffirmé la nécessité de préserver l’autonomie du Haut commissariat au plan en tant qu’institution officielle de l’information statistique, économique, sociale et culturelle ». La claque est magistrale. Car le même jour, Abdelilah Benkirane, de passage à la deuxième chambre, accusait une fois de plus Lahlimi de vouloir politiser les chiffres du HCP. Une allusion à peine voilée à l’appartenance du Haut commissaire au plan à l’USFP, parti connu pour son opposition virulente à l’Exécutif. La veille, le ministre des Affaires générales, Mohamed El Ouafa, abondait dans le même sens. Il est même allé plus loin en annonçant la création d’une agence des prévisions économiques et financières.
Dans cette guerre des chiffres que se livrent depuis quelques semaines le gouvernement et le HCP, le roi a visiblement tranché. Le HCP est la seule institution habilitée à produire des prévisions et des statistiques économiques. Et elle le restera. Voici l’essence du message royal. Un message qui nous rappelle au passage que Mohammed VI reste le maître suprême du jeu politique au Maroc. Le HCP, c’est lui. C’est lui qui l’a créé. C’est lui qui nomme son dirigeant. Et c’est lui qui garantit son indépendance. De cette guerre des chiffres, qui s’est transformée en lutte de pouvoir, Ahmed Lahlimi sort grandi, et le gouvernement Benkirane, encore une fois, affaibli, presque humilié.