"Le Sahara a besoin d’énergie renouvelable et les investissements seront réalisés. Si certains ne veulent pas venir, d’autres le feront ». Voilà la réponse fournie à Salaheddine Mezouar à l’agence Reuters, qui l’a interrogé sur le refus de plusieurs institutions financières mondiales de financer le plan solaire marocain. Réponse franche, pas très diplomatique, qui sonne comme un coup de gueule. On peut l’interpréter de différentes manières. Ou Mezouar est très sûr de lui, ou il est véritablement embarrassé par la question et veut en découdre une fois pour toute. Le plan solaire marocain est un des plus grands projets énergétiques de la région.
L’investissement est énorme : 9 milliards de dollars. C’est l’équivalent du coût de 4 TGV Casa-Tanger. Et ses ambitions sont grandes : produire 2000 mégawatts d’énergie propre d’ici 2020, soit 20% des capacités totales du pays. « C’est leur problème. Nous n’avons pas de difficultés de financement. Nous avons de nombreux investisseurs : il y a les Japonais, les Chinois et les pays du Golfe », ajoute le chef de la diplomatie marocaine. Le message est très fort. Et c’est tant mieux. Cela montre que notre diplomatie prend toute la mesure des changements que connaît le monde. Et du changement de gravité qui est en train de s’opérer. La Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, parce que c’est à elles que Mezouar s’adressait, sont de vieux partenaires du Maroc. Leurs robinets ont été toujours ouverts pour le royaume. Et un investissement comme celui du solaire rentre parfaitement dans leur cœur de cible. Mais dès qu’il s’agit de financer des projets au Sahara, elles se défilent. Cela fait double jeu. Et c’est cette attitude que Mezouar dénonce véritablement. Il était grand temps.