On le croyait abattu, affaibli, un peu mort politiquement, mais le gouvernement Benkirane nous montre tous les jours qu’il est plus fort que jamais. Il a surtout gagné en confiance. Dernier exemple en date, la suppression définitive de la subvention à l’essence et au fuel industriel, et la décompensation progressive du gasoil. Une décision impopulaire certes, mais courageuse, qu’aucun des gouvernements précédents n’a osé prendre. Démanteler la compensation, un système archaïque, injuste et trop coûteux, que le Maroc traîne comme un boulet depuis des années, est une décision historique. De plus, elle a été prise dans un timing idéal, au moment où les prix du pétrole à l’international se relâchent sous l’effet de l’accord nucléaire signé avec l’Iran et des perspectives de paix en Syrie qui se dessinent actuellement à Genève.
Ainsi, à partir du 16 janvier, l’Etat ne dépensera plus le moindre kopeck pour soutenir les prix de l’essence et du fuel. Une démarche qui ne sera pas appliquée au gasoil, pour lequel le gouvernement a choisi d’y aller en douceur, craignant l’impact sur les prix des transports publics et de marchandises et ses répercussions sur le pouvoir d’achat des couches moyennes et pauvres. Cette décompensation en deux temps risque bien sûr de mettre à mal le tissu industriel, grand consommateur de fuel. Mais l’Etat ne peut pas soutenir éternellement et de manière aveugle un secteur privé qui a validé il y a bien longtemps l’option de l’ouverture, du libéralisme et de l’économie de marché. Critiquer le processus de décompensation, c’est être en contradiction avec un des choix stratégiques du pays. C’est vouloir le beurre et l’argent du beurre… et le sourire de la crémière.