Zakaria Boualem et la Coupe du monde des clubs

Par Réda Allali

Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, un vice-champion du monde vous parle.

Sautons une ligne.

Zakaria Boualem n’est plus cet être grognon, assommé par un quotidien pénible et humilié par un système qui refuse de voir en lui autre chose qu’un locataire. Il est le fier supporter d’une équipe seconde de la Coupe du monde des clubs, édition 2013. Et merci. Peu suspect d’humilité en temps normal, ce presque titre mondial risque de le faire basculer de l’autre côté du réel. Il a passé sa soirée de mercredi soir à Marrakech, traquant les supporters brésiliens pour leur serrer la main : « Good game, good team, hard luck, next time inchallah ». Une déflagration d’arrogance déguisée en fair-play de façade. Ne lui en voulez pas, il a trop souvent perdu pour garder de la mesure le soir de la victoire. Cet homme a souffert, et il est bien probable que ce ne soit pas fini. Il convient donc de le laisser exulter avec bienveillance. N’en déplaise aux journalistes français, il a bien éliminé deux grosses équipes, championnes des Amériques, en les surclassant au bout de combats intenses, et merci. Pour le plaisir de ces journalistes, il faudrait prévoir une formule qui permette d’inviter des équipes de gueux (il faut bien des gens à battre) tout en leur interdisant d’arriver en finale – ça doit être possible, je vous laisse réfléchir… Oublions ces tristes sires.

Zakaria Boualem voudrait vous livrer quelques conclusions à chaud, en vrac et sans grand souci de lucidité.

Conclusion 1 : la sublimation du Botoliste est désormais un phénomène établi, voir TelQuel de la semaine précédente pour la description précise du phénomène chimique.

Conclusion 2 : nous avons le meilleur public du monde, l’heure n’est pas à la nuance.

Conclusion 3 : les organisateurs de la Botola ne respectent pas ce public en lui proposant des terrains immondes et sous-éclairés, des matchs joués à des heures absurdes et arbitrés par des ennemis du jeu.

Point technique : Cette chronique est un désastre en termes de cohérence, de transitions et de style, c’est pourtant le maximum dont est capable le Guercifi. Il est émotionnellement instable depuis le lob fou de Moutouali contre Mineiro. Nous sollicitons votre indulgence, et merci.

Voici à présent un dialogue qui a eu lieu à Marrakech, entre un supporter brésilien et notre héros :

– Le Brésilien : dommage que vous ne vous soyez pas qualifiés à la Coupe du Monde.

– Le Boualem : ben oui, c’est dommage.

– Ils n’étaient pas en forme pendant les qualifs ?

– Mais ce ne sont pas eux, qui sont en équipe nationale.

– Ah bon, vous avez des joueurs mieux que ça, alors ?

– Eeeeeuuuuh, non, pas vraiment.

– Alors pourquoi vous ne prenez pas ceux-là…

– Je ne sais pas.

– Ça doit être un problème d’entraîneur, non ? C’est qui votre entraîneur ?

– Je ne sais pas.

Je vous laisse méditer sur ce dialogue un peu bizarre et j’enchaîne avec une question : comment se fait-il que les supporters des Verts, un troupeau de supposés crétins, parviennent à hisser quatre tifos en deux semaines ? C’est une opération compliquée, qui nécessite financement, organisation et synchronisation. Oui, il y parviennent, parce qu’ils sont terriblement motivés, qu’ils ont confiance en eux et en leurs leaders, et qu’ils voient de leurs yeux le résultat de leur travail, voilà. Au moment où l’on parle de l’incapacité chronique des Marocains à entamer un action collective, il faut peut-être encore une fois méditer sur cet exemple.

Pour terminer et toujours sans transition, une conclusion soudaine. Le Raja a offert à ses supporters tout ce qu’on peut espérer d’une équipe de football : de la grinta, des émotions, de la fierté, et au final dix jours déguisés en un long shot de joie pure et d’adrénaline. Merci.