On est mardi. Un jour de semaine a priori normal. Passé le lundi dépressif et pas encore arrivé le jeudi joyeux. Un mardi quoi. Un jour chiant où tu as fini de débriefer avec tes copines ton week-end, et un jour où, à part bosser, tu n’as encore rien fait de croustillant ou de racontable. Sauf qu’aujourd’hui c’est le 24 décembre. Ok, a priori vu ton contexte géographico-religieux, Noël c’est loin de toi.
Mais pourtant, depuis deux semaines, dans les boutiques où tu vas il y a des sapins, dans les restaurants où tu dînes il y a des menus de fêtes, dans la boulangerie où tu achètes ton cheescake il y a des bûches et dans l’école où ta nièce apprend à lire en deux langues il y a des guirlandes sur les fenêtres et du coton fait semblant d’être de la neige.
Donc c’est Noël. Enfin ce n’est pas vraiment Noël. Mais c’est quand même Noël. Et cette année Zee a décidé d’organiser un dîner chez sa belle-sœur. Avec foie gras, bûche et tout le tralala. En bonne petite fée de l’organisation qu’elle est, elle a aussi décidé de répartir les tâches. Et donc, toi tu te retrouves avec une liste de choses à faire et ça te fait un peu chier mais bon… Et puis il faut faire des cadeaux. L’esprit de Noël tu connais moyen mais le shopping ça tu maîtrises. Par contre, en bonne narcissique tu as un peu du mal à choisir pour quelqu’un d’autre. Si ça te plaît, c’est pour toi. En plus là tu dois faire un cadeau à la cousine du mec de ta pote. Parce que ça a été décidé par tirage au sort. On s’accommode comme on peut !
En faisant tes courses, tu te rends compte que tu n’es pas la seule à fêter Noël. Les magasins sont pleins à craquer. A la pâtisserie, tu t’es fait rembarrer de manière expéditive. « Non mademoiselle, si vous n’avez pas commandé ce n’est pas la peine. » Ah bon ? Faudrait savoir, les gens fêtent Noël ou pas ?
Et non ceux qui s’agitent autour de toi, du saumon ou autres rouleaux de papier cadeau à la main, ce ne sont pas tous ces fameux étrangers qui boiraient les milliers de litres de vin consommés chaque année.
Toi tu trouves ça sympa. Et festif. Alors ceux qui te disent qu’on s’acculture, tu t’en fous. Ils te disent que c’est pas vraiment notre identité et qu’on perd nos valeurs et bla bla bla. En même temps ils se rendent compte que les chanteuses libanaises refaites et sirupeuses c’est pas notre culture non plus ?
Et puis ça va, il y a pas de mal à s’accaparer une fête. C’est festif justement !
Bon, là, ça fait bien 20 minutes que tu es plantée debout au milieu de ce marché. Tu attends que le marchand d’huîtres ait fini de servir les dix-sept personnes qui sont devant toi. Tu en as un peu marre. Et en plus tu as froid. Tu réalises que l’hiver est bien là. Et par conséquent qu’il est grand temps de faire tes placards. Oui, tous ces escarpins aux couleurs acidulées n’ont plus rien à faire en première ligne de ton armoire. Tu penses aussi à cette superbe robe dos nu que tu n’as même pas eu l’occasion de mettre et qui devra attendre l’été si tant est que la tendance de la saison prochaine l’autorise.
Et puis, finalement, pourquoi ne pas envisager un voyage au soleil en janvier ? Pour se remettre de tout ce stress des fêtes. Oh la la tu t’égares… Et en plus c’est ton tour de passer commande. Le monsieur te tend une bourriche et entre deux d3iwate te souhaite un « joyeux papa Noël ». Alors tu te prends au jeu. Toi aussi tu vas l’écrire ta lettre au père Noël. Comme un enfant qui s’ennuie, tu rêves de nouveaux jouets. Et puis ça va. Après tout, c’est Coca-Cola qui l’a inventé le père Noël. Et toi du coca (enfin du light) tu en bois, comme tout le monde quoi !