L’année 2013 a démarré par le fameux mémorandum présenté par Hamid Chabat au Chef du gouvernement. Depuis, l’année a été rythmée par une crise gouvernementale sans précédent. Crise qui ne s’est dénouée qu’au bout de neuf mois avec des rebondissements dignes d’un navet de série Z, dont le héros est incontestablement le secrétaire général de l’Istiqlal. C’est ce qui lui vaut le sacre d’homme de l’année aux yeux de la rédaction de TelQuel (voir p.30). Quand c’est le stéréotype du politicien assoiffé de pouvoir qui se retrouve à occuper la scène, ça en dit long sur l’ambiance de l’année…
En 2013, également, la diplomatie chérifienne s’est fait une grande frayeur. Le Polisario et ses soutiens étaient plus proches que jamais de remporter une grande victoire dans l’arène onusienne. Le mandat de la Minurso a failli être élargi à l’observation des droits de l’homme dans les provinces du sud. Et le Maroc a dû en arriver au chantage avec les Etats-Unis pour débloquer la situation.
Sur le plan économique aussi, l’année qui touche à sa fin a été catastrophique. Si la campagne agricole va permettre encore une fois de sauver le taux de croissance, les performances de l’industrie et des services sont loin d’être reluisantes. L’incapacité d’appliquer les pénalités de retard sur les délais de paiement, la réduction draconienne des budgets d’investissements publics, l’incapacité à rationaliser le train de vie de l’Etat, les difficultés grandissantes pour l’accès au financement sont autant d’illustrations du marasme économique dans lequel nous avons pataugé en 2013, accentué par une conjoncture internationale désastreuse.
Côté réformes de fond, il n’y a pas de grandes avancées à signaler non plus. Relifting du système judiciaire, de la compensation, de la Loi de Finances ou encore des agréments… aucun de ces chantiers n’a vraiment bougé. Même la réforme des grâces royales, ce système opaque et corrompu qui nous a valu la chouha de l’année (le Danielgate), n’a pas avancé d’un iota.
En regardant en arrière, il est difficile de regretter 2013. Ce n’est pas seulement une année blanche en termes de développement, c’est surtout une année noire pour les libertés. On a assisté au retour des incarcérations de journalistes ou encore à la mise sous écrou d’adolescents pour une banale histoire de bisous.
Et 2014 ne s’annonce pas forcément sous de meilleurs auspices. Rien ne garantit que le même scénario catastrophe ne se reproduira plus. Il faut
regarder la vérité en face, le gouvernement se trouve face à une impasse sur tous les dossiers. Mais puisque l’espoir fait vivre, disons que 2014 sera meilleure inchallah. Ou du moins qu’elle ne peut pas être pire… Bonne année tout de même.