Zakaria Boualem est tombé cette semaine sur un article étonnant. Sans plus d’efforts de présentation, voici ce qu’il a lu : « D’après l’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International pour l’année 2013, le Maroc occupe le 91e rang dans le classement mondial, sur 177 pays… (ce qui) confirme la place du Maroc dans la catégorie des pays où sévit une corruption endémique. Il converge avec tous les autres indicateurs liés à la bonne gouvernance, au climat des affaires et au développement humain ». Cette prose déprimante n’est pas le fait d’un illuminé nihiliste, à la solde de nos ennemis et rétribué pour nous déstabiliser, pas du tout. C’est le grand Matin du Sahara lui-même qui nous a pondu cette chose déprimante. Et ça, c’est vraiment déstabilisant. Parce que si les anesthésistes se prennent pour des nihilistes, c’est la perte de repères assurée, et chacun sait que la perte de repères est l’antichambre de la folie, et non merci. Chacun son boulot, que Dieu nous glorifie tous.
Zakaria Boualem a mené une enquête pour tenter de comprendre ce qui justifiait ce changement de ton, et il a tout compris. Si le Maroc est complètement pourri, c’est à cause du gouvernement. Oui, c’est écrit dans l’article : « Cela fait plus de deux ans que le gouvernement a promis de faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Pourtant, le Maroc n’est pas sorti de l’auberge (…) Le Maroc n’a pu enregistrer aucune amélioration dans sa lutte contre la corruption pendant les douze derniers mois ». Pendant des années, c’était pourri et on nous disait que c’était magnifique, et soudain on nous explique que c’est pourri à cause d’un gouvernement qui est là depuis deux ans. Zakaria Boualem a demandé autour de lui et on lui a expliqué que c’était ça la politique, que c’était normal quand deux camps s’affrontent, qu’il y a toujours un peu de mauvaise foi, ça fait partie du jeu. Soit. Il y a donc deux camps qui s’affrontent, c’est une information intéressante.
Zakaria Boualem préférait quand Le Matin nous expliquait doctement que nous avancions vers les lumières du progrès
à vive allure, sûrs de nos choix et dégoulinant d’esprit démocratique. Oui, il réclame sa dose d’anesthésie. Merci de prendre en compte sa demande, c’est important. Parce que sinon, si vous continuez à vouloir lui piquer son boulot, il pourrait bien se décider à piquer le vôtre. Exemple : « Le Maroc, fort de ses choix démocratiques et présenté régulièrement comme un pôle de stabilité dans la région, a été félicité par la FIFA pour l’excellente tenue de la réunion préparatoire à la Coupe du monde des clubs ce lundi. L’organisme qui gère le football mondial a exprimé son enthousiasme devant l’exceptionnelle tenue des débats par la voix de M. Jean Michel Von Hoydoonk, responsable des fournitures de bureau pour la zone Afrique de l’Est. Certaines plumes chez nous, avides de critiques et à l’affût du moindre incident pour tenter de déstabiliser le royaume, se sont faites l’écho d’une récente décision de la FIFA exprimant son souhait de voir annuler l’assemblée générale pour la réélection du nouveau bureau fédéral. Loin de constituer un camouflet, il s’agit au contraire d’un évènement normal dans la vie d’une fédération démocratique et engagée irréversiblement dans la voie de la modernité. Cette nouvelle édition de l’assemblée générale sera sans nul doute un levier puissant pour démontrer le savoir-faire marocain séculaire en termes d’organisation d’assemblées générales, et la nouvelle démonstration que le royaume chérifien est un laboratoire pour les avancées démocratiques mondiales. Rappelons que la Coupe du monde des clubs, qui démarre cette semaine dans une atmosphère de liesse populaire, sera également l’occasion pour le peuple marocain de démontrer son attachement indéfectible au Glorieux Trône Alaouite. » Cette affreuse prose devrait convaincre tout le monde qu’il est sage que chacun reste dans son rôle, et merci.