Zakaria Boualem vomit ce qu'il a sur le coeur !

Par Réda Allali

Salam alikom, et merci d’être encore là. Zakaria Boualem vous salue. Cette semaine, il va vous parler de football, mais ne vous enfuyez pas s’il vous plaît. Il apparaît de plus en plus clairement à ses yeux qu’il suffit de suivre le football marocain pour avoir une vision fidèle du Maroc. C’est en tout cas l’option qu’il a choisie, juste parce qu’il est incapable de se passionner pour les gesticulations de nos dirigeants politiques, que Dieu leur vienne en aide. Bon, cette semaine, on peut lire dans Le Matin du Sahara que Sepp Blatter, maître du monde de son état et nain pompeux par ailleurs, s’est déclaré “très fier qu’une grande compétition soit organisée en Afrique et plus précisément au Maroc”. C’est très bien. On ne sait pas pourquoi il est fier de nous, ni pourquoi il parle de nous comme si nous étions ses enfants, mais là n’est pas la question. Il parlait de la Coupe du Monde des clubs, dont les deux prochaines éditions se tiendront au Maroc. Meziane. On ne sait pas pourquoi cet hypocrite n’a pas poussé la fierté jusqu’à nous filer la vraie Coupe du Monde au lieu de ce truc dont personne ne veut, mais encore une fois, là n’est pas la question. La Coupe du Monde des clubs aura lieu au Maroc, répétons-le, et avec la participation du club qui gagnera le championnat cette année. Ce sera le Raja, ou les FAR, ou le WAC, et pourquoi pas le FUS, le MAS ou le MAT. Bref, la ville qui sera sacrée cette année ne sera ni Marrakech ni Agadir, c’est juste mathématique. C’est pourtant dans ces deux villes que la compétition sera organisée, et ça énerve beaucoup Zakaria Boualem. L’idée n’est pas de dénigrer ces riantes cités ou de sous-estimer leurs capacités extraordinaires à organiser un évènement mondial, du tout (cette dernière phrase est là pour éviter la tonne d’insultes sur le thème “ou malna Agadir machi lmaghrib, ou chkoun nta bach…”, mais il est bien évident qu’elle ne sera pas suffisante, allah ghaleb je ne peux rien faire de plus). Donc le Maroc décide que le champion du Maroc ne jouera pas dans sa ville. Sportivement, on se tire une balle dans le pied. Economiquement aussi, puisque jamais on ne remplira ces stades sans le public de base de n’importe laquelle de ces équipes. Mais il y a pire, il y a le côté humain de la chose. Zakaria Boualem est un supporter du Raja, vous le savez sans doute. Depuis une quinzaine d’années, il se tape toutes sortes de matchs, dont une partie non négligeable de spectacles difficiles. Des matchs sous la pluie ou dans la fournaise, des zéro-zéro insipides, des heures de simulation, les initiés savent de quoi je parle. Et maintenant qu’une vraie belle rencontre se pointe, on va lui demander d’aller à Agadir au lieu de recevoir à la maison un Santos ou un Boca Juniors. On lui gâche sa fête. Il prend ça comme une marque de mépris, un manque de considération. Il pense qu’il mérite mieux, on devrait lui faire des bisous pour se passionner pour ce championnat louche et lui offrir ce match comme une récompense naturelle. Mais on s’en fout, de Zakaria Boualem. Ce qui importe, c’est l’image du Maroc à l’étranger. Tout ce qu’on fait de bien chez nous, c’est pour qu’à l’étranger on puisse dire que c’est bien chez nous, voilà, et merci. Zakaria Boualem n’a pas à être convaincu que c’est bien chez nous, puisqu’il n’a pas de plan B, le malheureux. Pire, Zakaria Boualem les dérange dans leurs projets. Cette affaire lui rappelle le fameux jubilé Dolmy, qu’on avait envisagé d’organiser à Tanger, une incongruité comparable. Reculant devant l’absurde de la situation (imaginez le jubilé Iniesta à Saragosse…), les organisateurs avaient abandonné l’idée, et rien n’a plus été fait. Au Maroc, on nous donne souvent le choix entre n’importe quoi et rien du tout, et vous pouvez vérifier par vous-même que ce n’est pas facile de se décider. Bon, il paraît que le stade de Casablanca, Donor pour les habitués, n’est pas aux normes. Merci pour la précision. On nous annonce ça comme un truc inexorable, genre la marée monte ou le ramadan approche. Serait-il possible d’imaginer de le mettre aux normes ? On ne parle pas de haute technologie, si ? Du ciment, du plâtre, du martoub etc. Bref, des trucs que les égyptiens utilisaient dans leurs pyramides il y a des milliards d’années, non ? Bon, ça suffit, cette chronique a été écrite d’un jet, et merci.