Gendarmerie royale. L’armée à tout faire

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Ses éléments sont présents partout et ses missions, nombreuses et diversifiées : maintien de l’ordre, sauvetage, recherche génétique, etc. La Gendarmerie royale est l’une des armées les plus puissantes et les mieux équipées du pays. Enquête.

Amgala a été une énième occasion pour les officiers de la Gendarmerie royale de voler la vedette. Les hommes du général Benslimane ont, de bout en bout, supervisé l’opération qui a permis la découverte de trois caches d’armes, contenant un véritable arsenal de guerre appartenant à une cellule liée à Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Plusieurs jours auparavant en effet, des maîtres-chiens et des officiers supérieurs de la Gendarmerie ont ratissé toute la région limitrophe au fameux mur de défense, à la recherche de dizaines de kalachnikovs, de lance-roquettes et de munitions en tous genres.
Quelques jours plus tard, ce sont encore une fois des gendarmes qui ont accueilli, sur place, une délégation de journalistes marocains et étrangers. Drapés dans des treillis militaires ou des combinaisons de “police scientifique”, ils maniaient avec précaution les armes saisies et se prêtaient volontiers au jeu des questions-réponses. “Cela n’a rien d’étonnant, affirme ce haut gradé à la retraite. La Gendarmerie militaire contrôle toute la région Sud. Elle est chargée d’inspecter et de surveiller toutes les zones militaires ou paramilitaires se trouvant au Sahara. En plus, la Gendarmerie dispose de moyens technologiques sophistiqués et d’un savoir-faire particulier qui la rend indispensable lors des situations d’urgence”.

Bienvenue au royaume de Benslimane
Cela s’est d’ailleurs vérifié à plusieurs occasions lors des dernières années. En avril 2007, des militaires cagoulés armés de gros fusils à pompe (appartenant au GIGR) avaient pris d’assaut plusieurs artères de la ville de Casablanca à l’occasion des attentats de Hay Al Farah puis des attaques kamikazes (ratées) contre le consulat et le centre culturel américain de la métropole. En 2009, les gendarmes (quoique critiqués sur la lenteur de leur intervention) ont également été en première ligne lors des inondations qu’ont connues plusieurs régions dans le pays. “La Gendarmerie dispose d’un équipement et d’un entraînement militaires, mais elle est plus souple que l’armée régulière. C’est ce qui lui permet d’être plus réactive et plus efficace”, explique notre officier.
Mais la Gendarmerie royale a également un visage caché, révélé au grand jour par de petits films amateurs postés sur Youtube ou sur d’autres sites de partage. Cela a commencé en 2007 avec le désormais célèbre “Sniper de Targuist”. Un jeune habitant de cette localité du Rif avait défrayé la chronique en filmant des gendarmes “rackettant” plusieurs camionneurs à un barrage routier. Une vidéo qui a fait des émules, forçant l’état-major à réagir et à instruire plusieurs affaires de corruption. Une première ! “Tout gendarme accusé de corruption est relevé de ses fonctions et traduit devant la justice. S’il est blanchi, il retrouve tous ses droits et réintègre le corps de nouveau. Ce sont les directives du général Benslimane en personne”, confie une source interne. Car, même à 76 ans, le général de corps d’armée demeure le chef incontournable de ce qu’on appelle “la première armée” du royaume. “Il est présent et suit tous les grands dossiers. Depuis quelques années, il pousse de plus en plus de jeunes officiers à assumer de grosses responsabilités, mais il reste l’homme-orchestre. C’est l’âme de la Gendarmerie marocaine”, affirme, presque émue, l’une de nos sources. Pendant près de 39 ans, Housni Benslimane a en effet façonné la Gendarmerie royale à son image. Un corps solide, discret et loyal.

Save the king
Née au lendemain de l’indépendance (1957), la Gendarmerie royale est alors un simple prolongement de la légion de gendarmerie française. “C’est un corps qui a somnolé pendant plusieurs années. Le pays, alors fraîchement indépendant, était plus préoccupé par la constitution d’une armée régulière et d’une police nationale”, note un connaisseur de l’histoire militaire marocaine. Mais au début des années 1970, deux coups d’Etat ratés contre Hassan II chamboulent les cartes sécuritaires du pays. L’armée suscite désormais la méfiance du roi. Et la police, seule, ne peut prétendre protéger la monarchie contre la soif de pouvoir de certains généraux. En 1972, Housni Benslimane (alors gouverneur à Kénitra) est donc nommé commandant de la Gendarmerie royale. Le corps monte en grade. Il hérite d’une mission d’une grande sensibilité : contrôler l’armée et protéger le Palais. “Chaque mouvement de troupes, chaque séance de tir ou manœuvre militaire est, depuis, réalisée sous la supervision d’un officier de la Gendarmerie. Idem lorsqu’il s’agit d’arrêter des militaires ou de les traduire devant la justice. Les gendarmes sont l’œil du roi sur les troupes”, explique notre officier à la retraite. Aujourd’hui, c’est l’une des armées les plus puissantes du pays, et l’une des plus budgétivores. Elle engloutit, à elle seule, 22% du budget de la Défense nationale, contre 17% pour l’armée de terre. Mais, paradoxalement, ses effectifs sont restés relativement faibles. A peine 22 000 hommes (selon les dernières estimations) pour couvrir une grande partie du territoire (les deux tiers) et assurer des missions très diversifiées. Du coup, un gendarme sait tout faire ou presque. “Dans les zones rurales, le gendarme est un officier de police judiciaire. Mais il peut également être appelé à assurer le contrôle de tronçons routiers ou autoroutiers. Au besoin, il peut également être mobilisé pour une traque antiterroriste, une opération de sauvetage ou de maintien de l’ordre. C’est pour cela, assure un officier en fonction, que les hommes appartenant à ce corps reçoivent une formation pointue assez complète”.

La crème des officiers
Chaque année en effet, la Gendarmerie royale organise des concours pour le recrutement d’élèves gendarmes. “C’est un concours qui connaît un grand engouement. Le métier fait encore rêver plusieurs jeunes Marocains”, assure l’une de nos sources. La formation dure deux ans. Elle se déroule dans l’un des centres de formation de la Gendarmerie royale (comme à Benslimane) et couvre plusieurs domaines comme le maniement des armes, le droit, le secourisme, les techniques d’intervention, etc. “L’élève gendarme doit ensuite passer deux années de stage mobile avant de devenir sergent. Ses affectations dépendent alors des besoins du moment”, commente un officier de la Gendarmerie. En novembre 2010, certains de ces stagiaires ont par exemple été mis à contribution pour le démantèlement du camp d’Agdim Izik. Quatre d’entre eux y ont laissé la vie. “Ce sont les risques du métier, nous confie ce gendarme. Mais globalement, les sous-officiers sont relativement bien payés et bénéficient de subventions pour le logement”. Seule ombre au tableau : leur avancement en grade est très lent, comparé à celui des officiers.
Ces derniers sont généralement choisis parmi les meilleurs lauréats de l’Académie militaire de Meknès. Ils sont ensuite transférés à l’Ecole royale de gendarmerie à Marrakech pour une instruction plus pointue, au terme de laquelle ils sont affectés aux nombreux services de la Gendarmerie royale. “Ceux qui montrent des aptitudes physiques et mentales exceptionnelles sont dirigés vers le GIGR”, affirme l’un de nos interlocuteurs. Depuis quelques années, le groupe d’intervention de la Gendarmerie royale déchaîne les passions. Reportages sur de grandes chaînes internationales, armes de pointe et interventions musclées… le service est présenté comme l’un des principaux remparts du pays contre le terrorisme et le crime organisé. La Gendarmerie royale dispose également de groupements aériens et maritimes autonomes. Les missions que mènent ces corps d’élite sont nombreuses. Cela va de la lutte contre le trafic de drogue au secourisme de naufragés ou de victimes d’accidents de la route, en passant par la lutte contre les incendies ou la lutte antiacridienne. “Il est très difficile de répertorier toutes les actions que mène la Gendarmerie, tellement elles sont nombreuses et parfois compliquées, puisque nécessitant l’intervention d’autres corps militaires ou paramilitaires”, reconnaît cet ancien gendarme.
Toutes ces compétences sont régulièrement mises à l’épreuve à l’occasion des déplacements officiels du roi. Des moments de grande tension puisque la Gendarmerie royale est, depuis le début des années 1970, chargée de sécuriser les convois royaux. “Les cortèges officiels de Sa Majesté sont toujours précédés de voitures-radars de la Gendarmerie. Son escorte est, en partie, composée de gendarmes et, dans les airs, des hélicos suivent toujours le convoi, avec à leur bord des tireurs d’élite prêts à intervenir à tout moment”, explique un officier. Lors de la récente visite du roi d’Arabie Saoudite au Maroc, le commandant de la Gendarmerie royale d’El Jadida a par exemple été relevé de ses fonctions pour avoir changé le parcours du cortège officiel, le faisant passer par un tronçon non sécurisé de plus de quatre kilomètres. “C’est une erreur très grave qui aurait pu avoir de fâcheuses conséquences”, analyse notre officier à la retraite. Et jusqu’à l’intérieur du Palais, une bonne partie du personnel servant dans les appartements privés du monarque appartiendraient à la Gendarmerie royale.

Seul le roi sait
Pour étoffer ses équipes, cette dernière recrute également parmi les civils. C’est notamment le cas des biologistes et pharmaciens du Laboratoire de recherches et analyses médicales (l’un des plus évolués du pays) et des techniciens spécialisés opérant au sein de l’unité de production audiovisuelle de la Gendarmerie royale. “La Gendarmerie royale est aujourd’hui une machine complexe mais bien rodée. Et cela est en grande partie dû au général Benslimane, commente un proche du haut gradé. Sa touche est présente partout. Il a personnellement parrainé tous les cadres de ce corps d’élite. C’est ce qui rend sa succession très difficile”.
Car, à 76 ans, le commandant de la Gendarmerie royale sait qu’il est en fin de parcours. Il aurait même expressément demandé à être déchargé de ses fonctions à plusieurs reprises. En vain. “C’est l’un des plus vieux généraux de Mohammed VI, commente l’un de nos interlocuteurs. C’est également le militaire le plus gradé du royaume. Ce n’est pas évident de lui trouver un remplaçant, d’autant que ses hommes restent très attachés à lui. Ils le considèrent comme une sorte de protecteur ou de parrain”.
Dans les couloirs de l’état-major à Rabat, une nouvelle rumeur fait état du départ à la retraite, dans les jours à venir, de plusieurs hauts gradés dont le deuxième homme de la Gendarmerie royale, le général Noureddine Kanabi. Mais rien ne filtre concernant le numéro 1. Un successeur serait déjà désigné depuis quelques années. Mais, en dehors du roi, personne ne semble connaître exactement son identité…

GIGR. Les super-gendarmes
Depuis quelques années, le GIGR (Groupe d’intervention de la Gendarmerie royale) est un corps qui déchaîne les passions. Ses éléments (une centaine) opèrent dans une totale discrétion derrière leurs cagoules. Ses missions, toujours sensibles, sont ultra-secrètes. Mais depuis quelques années, le corps s’ouvre aux médias. Trois reportages, au moins, circulent sur Internet. On y voit des simulations de prises d’otages, d’attaques contre des cellules terroristes, des interventions héliportées, etc. “Ce genre de reportages est censé dissuader d’éventuels apprentis-terroristes de passer à l’acte. Une manière de leur dire que leur tentative sera vouée à l’échec”, analyse ce professionnel de la communication.
Dirigé par un colonel-major, le corps dispose d’une base secrète, située quelque part entre Skhirat et Témara. Doté de matériel sophistiqué, le GIGR dispose par exemple de robots qui peuvent faire exploser des charges de plus de 80 kg ou qui peuvent tracter, à distance, des véhicules légers. Le groupe d’intervention de la Gendarmerie royale peut également avoir recours à des scanners thermiques ou des gadgets sophistiqués pour la vision nocturne. En matière d’armes, les hommes cagoulés du GIGR n’ont que l’embarras du choix : fusils d’assaut, pistolets mitrailleurs, fusils à pompe, grenades, etc. “La technologie permet plus de maîtrise et d’efficacité mais elle n’annule pas l’élément humain, expliquait un cadre de ce corps lors d’un reportage diffusé sur TF1. Nos éléments sont également formés aux techniques de négociation et reçoivent une formation spéciale sur les idéologies extrémistes”. Du reste, le GIGR peut compter sur les équipements classiques de la gendarmerie terrestre, aérienne ou maritime. Les équipes du GIGR bénéficient d’une formation continue et d’entraînements réguliers, parfois même à l’étranger, avec comme seul mot d’ordre : être prêt à intervenir en tout lieu et à tout moment.

 

Intervention tout terrain
Air

• Matériel : 30 appareils (des hélicoptères Puma, Gazelle et Alouette)
• Deux aérodromes à Rabat et Inezgane
• Domaines d’intervention : sauvetage, reconnaissance, lutte antiacridienne, etc.
Le premier noyau de cette unité a été créé en 1961 et a été doté de quelques hélicoptères. En 1972, l’unité est devenue “un escadron aérien” qui a accompagné l’organisation de la Marche verte. Et ce n’est finalement qu’en 1993 que la structure aérienne de la Gendarmerie royale change de nom pour devenir le Groupe Aérien de la Gendarmerie Royale.
Mer
• Effectif : 2000 personnes
• Matériel : Zodiacs
• Zone d’intervention : à partir des côtes marocaines.
La gendarmerie maritime intervient notamment dans la lutte contre le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Elle exerce un contrôle directe sur les installations, les effectifs, les manœuvres et les bases de la Marine royale.
Terre
• Police administrative et judiciaire dans les communes rurales
• 22 commandements, et 314 brigades sur tout le territoire
• Moyens : véhicules légers, chevaux, motos et vélos tout terrain.
Les missions de cette composante sont nombreuses : contrôle des tronçons routiers, maintien de l’ordre, etc. Le nombre de gendarmes par brigade reste cependant très faible. Celle de Bouskoura (dans la région de Casablanca) compte par exemple 15 gendarmes pour une population de plus de 250 000 habitants.

 

Laboratoires. Casquettes grises et blouses blanches
La Gendarmerie royale dispose d’un ensemble de laboratoires scientifiques doté d’équipements high tech. Le premier, installé à Rabat depuis le début des années 1990, est le Laboratoire de recherches et d’analyses médicales. C’est une structure de pointe au service (essentiellement) du personnel de la maison. Il fournit toute sorte d’analyses biologiques et médicales. Plus de cent personnes y travaillent à titre régulier. Récemment, ce laboratoire s’est même offert le luxe d’une certification ISO en vue de l’accréditation au niveau international.
A côté de ce laboratoire “civil”, la Gendarmerie royale dispose du Laboratoire de recherches et d’analyses techniques et scientifiques. Selon la présentation officielle du centre, ce dernier s’intéresse aux “sciences forensiques”. Ce terme renvoie à l’ensemble des techniques scientifiques appliquées à l’investigation criminelle. L’outil informatique y est omniprésent pour l’expertise de documents écrits ou l’exploitation d’indices, d’apparence banale, sur une scène de crime. Depuis quelques années, le laboratoire technique s’est également ouvert à la balistique, à la cybercriminalité et à la lutte contre le trafic de drogue.
Pour compléter ce savoir-faire scientifique, la Gendarmerie royale s’est enfin dotée, à partir de 1997, d’un laboratoire de génétique. C’est, encore aujourd’hui, le seul établissement marocain capable de fournir des analyses d’ADN précises et fiables. Plusieurs tribunaux partout dans le royaume y ont aujourd’hui recours dans le cadre de tests de paternité ou d’identification de cadavres.

 

Housni Benslimane. Sa vie, son œuvre
Au départ, rien ne prédestinait le général Housni Benslimane à assurer le commandement de la Gendarmerie royale. Fils d’une grande famille originaire d’El Jadida, l’homme a tout fait ou presque. Lauréat de la première promotion des FAR en 1957 à la prestigieuse Ecole de Saint-Cyr en France, son avenir est alors tout tracé. Mais, contre toute attente, il choisit le foot et devient gardien de but des FAR, l’équipe préférée de Hassan II (alors prince héritier). En 1959, il devient ministre des Sports alors qu’il n’est que capitaine au sein de la toute jeune armée marocaine. Le jeune homme se fait assez vite remarquer par les puissants du pays, dont le général Oufkir. Il enchaîne les responsabilités. Commandant des Forces auxiliaires, directeur de la DGSN (police)… il devient même gouverneur à Tanger puis à Kénitra. C’est depuis ces deux villes qu’il assiste d’ailleurs aux deux coups d’Etat ratés contre Hassan II. En 1971, il s’illustre à Radio Tanger en diffusant des messages de soutien à la monarchie alors que des mutins annonçaient sa chute à Rabat. En 1972, c’est donc à lui que Hassan II fait appel pour restructurer la Gendarmerie royale et en faire le premier bouclier de la monarchie. La relation entre les deux hommes est cordiale. Hassan II appelle le général par son prénom. Ce dernier est également resté très proche de la petite famille du monarque, et donc du futur roi du Maroc. Au milieu des années 1990, Housni Benslimane renoue avec ses premières amours et devient président de la Fédération royale marocaine de football et du Comité olympique marocain. Des responsabilités qu’il cumulera jusqu’au début des années 2000. Sous Mohammed VI, Housni Benslimane ne perd rien de son influence, bien au contraire. Il est associé à toutes les grandes décisions sécuritaires du pays. Et alors que tout le monde le disait partant, Mohammed VI le nomme Général de corps d’armée, plus haut grade militaire au Maroc. Et ça continue…

 

Audiovisuel. Souriez, vous êtes filmés !
On sait finalement peu de choses du service de production audiovisuelle de la Gendarmerie royale. C’est pourtant l’une des unités les plus actives et les plus polyvalentes de l’Etat major. Employant des techniciens spécialisés en audiovisuel (cameramen, ingénieurs du son, monteurs, etc.), il est capable de réaliser de véritables reportages prêts à diffuser. En novembre 2010 par exemple, ce service a fourni de précieuses images montrant les meneurs du camps d’Agdim Izik (Laâyoune) violenter, tuer ou uriner sur des cadavres de membres des forces de sécurité. Ces images ont, depuis, fait le tour du monde.
Le service s’illustre régulièrement en filmant, depuis les hélicoptères de la Gendarmerie royale, des séquences de course-poursuite contre des trafiquants de drogue sur le détroit de Gibraltar. “La qualité des images fournies nous renseigne sur la qualité du matériel et l’expertise des techniciens de ce service”, commente un cameraman à Al Aoula.

 

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