Pour la 13ème fois de l’histoire, le Maroc va participer aux Jeux olympiques. Tour d’horizon de nos porte-drapeaux et évaluation des chances du royaume de briller durant cette grand-messe du sport, prévue du 27 juillet au 12 août à Londres.
Cet été, le Maroc est plus que jamais déterminé à renouer avec les sentiers de la gloire lors des compétitions qui se dérouleront dans la capitale britannique. Le royaume traverse certes une période de vaches maigres en termes de médailles olympiques depuis quelques temps, mais il a connu par le passé un véritable âge d’or. Et si certains Marocains ont oublié les JO de Rome de 1960, quand un certain Abdeslam Radi avait décroché une médaille d’argent au marathon, tous se souviennent de ceux de Los Angeles, en 1984, durant lesquels les médailles d’or de Saïd Aouita et Nawal El Moutawakil (5000 et 400 m haies) avaient permis au Maroc de devenir une grande nation du demi-fond. Et dans la foulée de ce couple d’athlètes en or, d’autres champions —comme Moulay Brahim Boutayeb, Khalid Skah ou le légendaire Hicham El Guerrouj— avaient suivi, lors des Jeux de Séoul, Barcelone, Sidney ou Athènes. Cette époque faste se prolongera pendant vingt ans, jusqu’en 2004. Depuis, les dieux du stade semblent nous bouder et les victoires ne sont pas au rendez-vous. Sauf que, cette année, le royaume a la ferme intention de remonter sur les marches des podiums olympiques. Pour cela, le pays va dépêcher une délégation composée de pas moins de 100 personnes, dont 75 athlètes qui le représenteront dans 12 disciplines différentes. A l’instar de la nageuse marocaine Sara El Bekri —championne d’Afrique (100 m et 50 m) avec 10 médailles en 2011 dont cinq en or durant les Jeux panarabes de Doha—, qui portera les couleurs du royaume lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux à Londres. A quelques semaines du début des compétitions, une question taraude les férus de sport : quelles sont nos chances de revenir avec des médailles ?
Athlétisme mon amour
De l’avis des spécialistes, la course à pied est notre discipline reine et, surtout, notre moyen le plus sûr de briller sur la scène internationale. Et le Maroc compte bien jouer cette carte, avec 32 athlètes (dont 14 femmes) qui vont courir des distances entre le 800 m et le marathon. En ce qui concerne le 1500 m (notre distance de prédilection), nos chances seront défendues par Meriem Alaoui Selsouli —qui a fait sensation cette année en remportant l’or au Championnat du monde indoor à Istanbul—, Ibtissam Lakhouad, ainsi que Siham Hilali. Cependant, elles devront composer avec l’Ethiopienne Adeba Arigawe, qui a réalisé la meilleure performance mondiale de 2012. Du côté des hommes, l’espoir d’une médaille au 1500 m repose sur des athlètes comme Abdelaâti Iguider, Fouad El Kaam ou Amine Laâlou. Mais là encore, ils auront à batailler très dur pour venir à bout du trio kenyan qui détient les meilleures performances de l’année avec un temps inférieur à 3’28. Du côté des marathoniens, Jawad Gharib ou Abderrahim Bouramdane pourraient également gravir les marches du podium, s’ils parviennent à en découdre avec les Ethiopiens et les Kenyans, maîtres incontestés des longues distances. “L’athlétisme est un sport tangible. Vu les performances mondiales enregistrées cette année, on peut effectivement espérer deux médailles”, pronostique Aziz Daouda, ancien directeur technique de la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA).
Le foot dans le brouillard
L’autre délégation marocaine la plus importante (24 personnes) lors de ces JO 2012 est celle du football. Entraînée par Pim Verbeek et constituée de joueurs locaux —soutenus par certaines stars de l’équipe A, comme le gardien Nadir Lamyaghri, Mehdi Benatia, ou encore Houcine Kharja—, ses chances de gagner semblent bien maigres. En effet, la préparation a été entachée de frictions qui risquent de peser sur la sérénité du groupe. Ainsi, le coach Pim Verbeek a limogé son adjoint Mohamed El Ouar et, à ce jour, la liste des 22 joueurs n’a toujours pas été déposée au bureau du CNOM (Comité national olympique marocain). De plus, l’équipe olympique a réalisé une prestation qui laisse à désirer lors du tournoi de Toulon (en mai dernier), où elle a été éliminée très tôt.
Pour l’instant, les fans de foot, ulcérés par une succession de déceptions cette année, espèrent uniquement une qualification au second tour de la compétition olympique. Ce qui, aux dires des observateurs, serait déjà un exploit. Surtout dans le groupe D, qui compte la redoutable équipe de la Roja espagnole, le Japon, super-puissance du football asiatique, ainsi que la Grinta des joueurs du Honduras, contre laquelle le Maroc ouvrira le bal le 26 juillet.
L’important, c’est de participer…
Alors quid des autres disciplines ? L’édition de Londres va marquer le grand retour des cyclistes, 28 ans après la dernière participation marocaine aux JO. A l’image des anciennes gloires, telles que Mohamed El Gourche et Mustapha Nejjari, les jeunes coureurs qui porteront les couleurs du Maroc se sont illustrés auparavant lors de plusieurs tours cyclistes et sont arrivés en tête du classement africain. Des pugilistes marocains sont également sélectionnés pour ces JO, et tenteront de reproduire les victoires de leurs aînés tels que les frères Abdelhak et Mohamed Achik, médaillés de bronze respectivement dans les éditions de Séoul (1988) et Barcelone (1992), et Tamsamani Taher, qui avait décroché une médaille de bronze aux JO de Sydney en 2000. Mais selon les experts, il sera difficile de rééditer l’exploit. “Concernant le cyclisme, la boxe ou la natation, la probabilité de gagner demeure minime, même si le Maroc a brillé à l’échelle africaine, car le niveau reste très moyen d’un point de vue international”, soutient Aziz Daouda. Pour lui, l’athlétisme représente l’unique chance du Maroc de décrocher une médaille olympique. Même son de cloche du côté de Kamal Lahlou, vice-président du CNOM et patron de la Fédération royale marocaine d’haltérophilie (FRMH) : “Je pense que nos chances pour le sacre reposent sur l’athlétisme. Pour le reste, on peut éventuellement s’attendre à une belle surprise dans le taekwondo de la part de Sanaa Atabrour et Wiam Dislam”. Quant aux disciplines comme le canoë-kayak, l’escrime, le tir aux armes de chasse, les sports équestres ou le judo, le Maroc ne fera a priori que de la figuration. “Depuis les JO d’Atlanta en 1996, le CIO (Comité international olympique, ndlr) a décidé d’augmenter le niveau d’exigence attendu des athlètes de ces disciplines, en leur imposant de réussir plusieurs tournois de présélection. Du coup, le tiers des 204 comités olympiques du monde entier sont éliminés d’office de ces compétitions et la qualification pour les JO devient en soi un exploit”, conclut Kamal Lahlou.
Comité olympique. Qui remplacera le général ? A la tête du CNOM depuis 1993, tout porte à croire que le tout-puissant général Housni Benslimane quittera sa fonction de président après les JO de Londres cet été. Kamal Lahlou, son actuel vice-président, est pressenti pour prendre la relève. Il est en lice avec un autre concurrent, qui n’est autre que Abdeslam Ahizoune (Fédération royale marocaine d’athlétisme). En tout cas, le futur président du CNOM aura du pain sur la planche, notamment pour redorer le blason du comité, décrié à cause du manque de médailles. “Le Comité olympique ne fait qu’écrémer les meilleurs sportifs. Le principal du travail se fait dans les clubs et les fédérations”, soutient Kamal Lahlou. Mais avant de s’atteler à cette tâche, il devra d’abord se conformer aux injonctions du CIO, qui exige la tenue d’une assemblée générale, qui se fait attendre depuis… 2005 ! Le CNOM fera également peau neuve en intégrant son nouveau siège à Rabat, qui a coûté la coquette somme de 15 MDH et qui est présenté comme le meilleur d’Afrique. |
Infographie. Palmarès du Maroc aux JO de 1960 à 2008
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