Zakaria Boualem vous salue. Le ton sinistre et désespéré de sa dernière chronique ayant provoqué une fuite massive de ses lecteurs vers des colonnes plus lumineuses, il s’engage cette semaine à changer de stratégie. De la joie, de la bonne humeur, des calembours, le tout débité sur un ton enjoué et résolument guilleret, voici le programme cette semaine, et merci. Cette chronique va donc démarrer sans plus attendre par une citation de L’Opinion : “Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Abdelouahed Souhail, a annoncé jeudi à Rabat que son département se penche actuellement sur l’élaboration d’une stratégie nationale et d’un programme d’action national pour la promotion de l’emploi parmi les jeunes, avec un soutien technique de l’Organisation internationale du travail”. Si vous êtes toujours là, vous avez bien du mérite. Notre ministre de l’Emploi, donc, va se pencher. C’est bien. Une fois penché, il va ensuite normalement trouver une stratégie, puis réfléchir à une stratégie pour appliquer cette dernière, juste avant d’être remercié et remplacé par quelqu’un d’autre qui va commencer par se pencher aussitôt. Il aurait pu réfléchir à la stratégie avant d’être ministre, mais c’était bien entendu impossible puisqu’il n’était pas à l’époque certain d’obtenir le poste, il ne pouvait donc pas se pencher par anticipation, ça aurait été dangereux. Dans la même page, L’Opinion nous explique qu’une “commission gouvernementale se penchera sur la question des bâtiments menaçant ruine”. Voilà, cette fois c’est toute une commission, c’est-à-dire un groupe de personnes compétentes et respectables, qui se penchent sur le cas de bâtiments eux-mêmes dangereusement penchés (il faut les imaginer au balcon de leur salle de réunion, se penchant en parallèle, c’est une image qui obsède le Guercifi). C’est officiel : nous avons des responsables penchés.
Zakaria Boualem est donc en mesure de vous présenter la procédure nationale de résolution de problèmes. ça marche pour l’incurie de la justice, le chômage des jeunes ou les immeubles qui tombent, c’est une sorte de méta-procédure.
1. Un problème se présente soudain. Le premier réflexe est d’accuser ceux qui le taxent de traîtrise ou de nihilisme. Le second est de ne rien faire.
2. Ce problème, après un nombre d’années suffisant, devient insoluble. Il est alors considéré comme réel.
3. On crée une commission.
4. La commission se penche.
5. Le problème continue de grossir. Il n’est presque plus un problème mais une donnée.
6. La commission continue de se pencher, elle est presque couchée.
7. Le temps passe.
8. La commission rend ses conclusions, elles sont présentées à la presse et Sao Tome et Principe saluent ce brillant rapport avec enthousiasme.
9. C’est fini, et merci.
Si vous avez un peu de temps libre, faites une recherche Google avec les mots clés “Maroc + création + commission”, vous allez être saisis de vertige.
Ressaisissons-nous. Zakaria Boualem vous a promis un ton léger, le voilà. L’équipe du Maroc de Montpellier a fini par devancer l’équipe du Qatar de Paris Saint Germain et remporter le championnat de France, qui est une sorte de Botola filmée en HD. C’est super. Dans le quartier El Fida, Casablanca, on a organisé une journée sans voiture, excellente idée qui a permis aux habitants de se “réapproprier l’espace public”, et de “sensibiliser les enfants à la sécurité routière”. On aurait aussi pu associer quelques carianate à cette initiative, puisqu’on y pratique depuis longtemps, sans le vouloir la “vie sans voiture”. Mais ne déprécions pas ce beau concept avec du mauvais esprit… Et comme il reste de la place pour une bonne nouvelle, sachez que Britney Spears sera juré de l’émission X-Factor, on est content pour elle, même s’il paraît qu’elle est très stressée par ce statut (on l’a aperçue se rongeant les ongles la pauvre). Pendant ce temps, Benki’ rame. Et merci.