Zakaria Boualem va devenir fou ...

Par Réda Allali

 

Zakaria Boualem vous souhaite une semaine pleine d’harmonie, de joie paisible et de nourriture savoureuse. Que vos jours soient épargnés du grand Kalakh qui déploie ses ailes au-dessus de nos têtes et précipite notre monde dans les ténèbres. Et merci. Allez, c’est parti. Zakaria Boualem voudrait commencer par vous parler de son ami Farid, gérant d’une salle de foot de son état. A ce titre, il prend les réservations des clients au téléphone. Jusqu’ici tout va bien. Cet homme intègre et rigoureux a passé un week-end épouvantable. Le dimanche, un nombre important de joueurs se sont pointés en retard, à cause du changement d’horaire. Jusqu’ici, on va dire que ça arrive, ça peut même être drôle… Parmi ces égarés, une proportion non négligeable (mais effrayante) a refusé d’admettre son erreur. Exemple :

• Pourquoi la salle est prise ? J’ai réservé à 15 heures.

• Oui mais là il est 16 heures, on a changé d’horaire cette nuit.

• Mais moi j’ai réservé samedi, avec l’ancien horaire. On s’est mis d’accord avec l’ancien horaire, ce n’est pas correct de ne pas respecter votre parole…

Ce brave client, qui a basculé de l’autre côté de la logique, peut entraîner le plus brillant mathématicien avec lui dans son délire s’il ne prend pas ses précautions… Il y a encore un niveau supérieur dans l’absurde, attachez vos ceintures messieurs dames siouplaît :

• Je ne comprends pas pourquoi vous ne voulez pas me donner la salle, j’ai réservé.

• Oui, mais vous avez réservé à 15 heures et il est 16 heures.

• Mais il fallait changer les réservations en fonction du nouvel horaire. Même le Real a changé l’heure de son match pour s’adapter au changement d’horaire.

• Le Real n’a rien changé du tout. Ils jouent à l’heure prévue, c’est nous qui avons changé d’heure par rapport à l’Espagne.

• C’est faux, ils devaient jouer à 11 heures et finalement ils ont commencé à 10 heures…

• Oui, en heure marocaine, parce que nous avons changé d’horaire

• C’est bien ce que je vous dis, ils s’adaptent et vous refusez de le faire… Pffff, lmgharba haggara, le Real koullou et il a fait l’effort.

Il faut aussi citer ce héros qui a expliqué à Farid que ce changement d’horaire était haram parce que personne n’a le droit de changer ainsi l’heure des prières. Bref, la conclusion s’impose d’elle même : nous sommes un peuple résolument politique, puisque nous avons plus de facilité à comprendre une nouvelle constitution qu’un simple changement d’horaire.

Cette discussion peut rendre fou tout Zakaria Boualem normalement constitué. Il faut arrêter tout de suite ce sujet et dresser sans plus attendre une liste de bonnes nouvelles pour s’extraire de la déprime :

Bonne nouvelle numéro 1 : la preuve la plus éclatante de la démocratisation de notre pays se niche dans le classement de la Botola. A la dernière place figure le Chabab Al Massira, en passe de chuter en deuxième division alors qu’il ne reste que deux matchs. Si cela devait se réaliser, ce serait alors le signe incontestable que nous avons basculé dans une nouvelle ère.

Bonne nouvelle numéro 2 : le Maroc a envoyé 50 tonnes de nourriture et de médicaments au Mali pour “alléger les souffrances du peuple”. Courage, les gueux de l’Atlas, votre tour viendra, soyez patients…

Bonne nouvelle numéro 3 : La Gendarmerie royale a saisi 140 kilos de chira au large de Nador. C’est très bien, Zakaria Boualem se félicite. Mais il se pose aussi une question : au moment où de nombreux pays d’Europe dépénalisent la consommation, au nom de quoi nous demandent-ils de lutter contre la production ? L’Europe dit “on ne va pas envoyer nos gamins en prison pour un malheureux joint, non ? Par contre, exigeons de ces pouilleux qu’ils arrêtent de nous envoyer leur poison”.  Le Maroc peut-il répondre “on ne peut pas envoyer ce brave agriculteur en prison pour avoir cherché à nourrir sa famille non plus…” ? C’est juste une question, hein…

Bonne nouvelle numéro 4 : Le Maroc est classé au 159ème rang mondial en pourcentage de population alphabétisée. Et où est la bonne nouvelle ? C’est bien sûr qu’il y a pire que nous ! Et merci.