Il y a quelques semaines, Zakaria Boualem se demandait si un océan de débilité s’était déversé sur nos têtes ou si c’était l’effet grossissant d’Internet. Incapable de trouver la réponse, et en l’absence de toute forme d’aide de votre part, il a décidé de prendre ses distances avec les réseaux sociaux et autres sites d’information. Il a lu quelque part que la qualité de la vie dépendait directement de la nature des messages auxquels nous sommes exposés, alors le fragile Guercifi se protège. Avant de cliquer sur le moindre lien, il effectue une petite enquête préliminaire, évalue le risque de tomber sur un barbu glosant de la rectitude de l’utilisation sexuelle des animaux domestiques en cas d’absence de nubiles, ou sur un spectaculaire crétin s’adressant au roi parce qu’il a perdu ses clés. Le plus souvent, dans le doute, il finit par passer son chemin. Depuis, il va mieux. Il faut aussi préciser que notre homme, qui n’avait rien d’un militant à la base, a définitivement basculé du côté contemplatif du combat. Oui, au-delà du bien et du mal, du logique et de l’absurde, il se déroule sous nos yeux un tel spectacle qu’il doit être accepté comme tel par quiconque tient à sa santé mentale. C’est un peu comme un James Bond, si on se met à réfléchir, on perd l’intérêt du truc. Deux pas de recul, donc, quelques popcorn, enjoy… C’est à ce titre de spectateur que Zakaria Boualem s’est intéressé aux élections françaises dimanche dernier. Après quelques heures de télé, il est obligé de reconnaître qu’il a été injuste avec nos politiciens, puisqu’il a découvert sur les chaînes françaises quelques représentants français de cette noble confrérie qui égalent les nôtres en termes de dureté de face. En France, ils les fabriquent en graphème, le matériau le plus résistant selon Wikipédia. A part ça, il a aussi découvert que de nombreux Marocains s’insurgeaient contre le score élevé de Marine Le Pen, qu’ils accusent ouvertement de racisme. C’est une femme qui, paraît il, souhaite supprimer la binationalité. Il faudrait prévenir nos internautes que notre vaillant ministre de la Justice, que Dieu l’assiste il en a besoin le pauvre, avait un jour posé la subtile question suivante au parlement : “Les élèves des écoles françaises au Maroc sont-ils marocains ?”. Autrement dit, l’idée était de contester la nationalité marocaine pas à des binationaux, mais à des Marocains parce qu’ils étudient en français. N’est-ce pas encore plus fort ? Et puis, entre nous, comment peut-on en vouloir à Madame Le Pen, nous qui savons que nos prisons sont pleines de Marocains, que le trafic de cannabis est entre les mains de Marocains, et que les premiers éléments de l’enquête préliminaire font apparaître que les bandes de hooligans sont constituées en grande partie de Marocains. Marine a raison, nous vivrions mieux sans eux. Il faut les déchoir de leur nationalité, ou mieux, leur interdire l’accès à l’éducation, la santé et la justice pour qu’ils déguerpissent à vive allure. On me signale que c’est déjà fait… Pourquoi ils restent, alors ?… Ils sont coincés ?…merde. Pour se détendre, Zakaria Boualem a ensuite fait un petit tour sur le site du Matin du Sahara, dans le secret espoir d’y débusquer un de ces articles sur le poulpe dont ce quotidien s’est fait une spécialité. Pas de poulpe aujourd’hui, mais un important article sur la chauve-souris, dont nous célébrons, paraît-il, l’année internationale. On y apprend que ce volatile traîne chez nous une mauvaise réputation “à cause de sa vie nocturne”, c’est triste. Mais il y a pire, puisqu’un spécialiste national de la chauve-souris déclare : “Le drame des chauves-souris, c’est leur utilisation dans la pharmacopée traditionnelle telle que la sorcellerie. Pour alimenter la demande, la plupart des grottes du plateau central sont totalement épuisées”… La sorcellerie, ya salam… Même l’oiseau symbole des ténèbres, chez nous, n’a pas échappé à la puissance des ténèbres que nous produisons tout seuls. Pour compléter le tableau, sachez que notre ouatouatologue qui se plaint de la sorcellerie s’appelle Monsieur Sehhar… Et merci.
Post Scriptum à caractère commercial : allez faire un tour aux “magasins solidaires et équitables”, avenue des FAR, à Casablanca,vous y trouverez des produits marocains qui font plaisir, fabriqués dans de petites coopératives à des prix très mounassibine, Zakaria Boualem approved.