Glamour, strass et paillettes, le monde bling-bling du mannequinat en fait rêver plus d’un. Zoom sur un
métier en devenir.
Disons-le tout de suite, de nombreux Marocains n’ont rien à envier à Naomi Campbell ou Baptiste Giabiconi. Le potentiel y est, seul bémol, se frayer un chemin dans le monde du mannequinat s’avère un véritable parcours du combattant. Un marché saturé où la profession n’est toujours pas réglementée mais qui, pourtant, séduit de plus en plus de jeunes. Ali Belabess en fait partie. Cette fine silhouette masculine est la nouvelle coqueluche du Net. Après avoir remporté le concours organisé par le web-magazine Fashion-Maroc, le jeune homme est le nouveau visage du mannequinat masculin. Du haut de ses 21 ans, il compte à son actif quelques figurations dans une série marocaine, un feuilleton et un téléfilm français, quelques documentaires et un défilé de mode. Une maigre expérience qui témoigne de la difficulté de percer dans le domaine. “Après l’expérience Fashion-Maroc, je suis de plus en plus sollicité par quelques créateurs marocains. Néanmoins, je suis conscient que cela ne me permettra pas de vivre décemment”, témoigne Ali, qui poursuit des études en comptabilité pour espérer trouver un emploi stable.
En route vers le podium…
Aujourd’hui, pour intégrer le monde de la mode, une plastique impeccable et un regard de braise ne suffisent plus. Il faut d’abord se constituer un book et le déposer dans une agence spécialisée. “Après avoir étudié chaque candidature, nous rappelons les postulants afin de leur faire passer un entretien. Les candidats doivent être très motivés afin d’éviter toute désertion à mis-parcours”, précise Meriem Oussirrou, co-directrice de Maëlys Agence. Des structures spécialisées en recrutement de mannequins, il y en a de plus en plus. Certaines sont même adossées aux agences les plus prestigieuses. En 2006, par exemple, Salima Ziani a créé S&G Models, filiale marocaine de la très réputée Elite, qui signe les plus grosses pointures des podiums mondiaux. Objectif : apprendre aux jeunes les rudiments du métier, mais pas forcément pour le marché marocain. “Nous ne sommes pas à Paris ou à New York. L’absence d’évènements rend ce métier précaire. Nous organisons des castings aux Marocaines pour les propulser vers le marché international”, atteste Salima Ziani. Cette carrière à l’internationale est donc réservée à une “élite”. Jusque-là, une seule Marocaine a réussi à percer. Elle s’appelle Hind Sahli (voir encadré), le premier top model bien de chez nous.
Pro de la mode
Outre les agences spécialisées, le microcosme de la mode au Maroc repose beaucoup sur le bouche à oreille. Au noyau du circuit du modeling, les photographes se révèlent souvent de véritables chasseurs de têtes. “Quand je suis sollicité par des stylistes qui veulent faire la promotion de leurs créations, à défaut de temps, ils me chargent de leur trouver des mannequins. Commence alors une véritable chasse à la perle rare. D’ailleurs, certains mannequins ont commencé leur carrière de cette manière”, explique Achraf Soukkah, photographe de mode.
Néanmoins, pour Meriem Bouanana, fondatrice de l’agence Maëlys et ancien mannequin international, choisir des mannequins à l’aveuglette peut réserver de mauvaises surprises. “Les clients qui choisissent au hasard des modèles prennent des risques parce que les mannequins ne sont pas professionnels. Du coup, le client peut faire face à des retards, des écarts de conduite ou même des arnaques, explique-t-elle. Exercer le métier de mannequin nécessite un grand sens de la responsabilité, du respect et de l’humilité”. Certains clients déplorent effectivement le non-professionnalisme de quelques mannequins. “En principe, un modèle devrait se conformer aux exigences des créateurs, des maquilleuses et des chorégraphes. Or, certains mannequins imposent leurs choix et refusent de se soumettre aux consignes”, témoigne Latifa Errami, styliste.
Le chic sans le fric
De plus en plus exigeants, les clients sont aussi de plus en plus nombreux. Le marché est effectivement en pleine expansion ces dernières années. Ouidiane Larouz, mannequin professionnelle depuis 13 ans, a suivi de près cette évolution : “Les créateurs organisent plus de défilés de mode et font donc appel à plus de mannequins, aidés en cela par les grands évènements comme Caftan, véritable tremplin pour le modeling”, témoigne-t-elle. Aujourd’hui, les modèles ont le vent en poupe grâce notamment à la presse féminine. “Avec la multiplication des titres, les photos de mode sont désormais assez courantes”, ajoute Ouidiane. Mais ce n’est pas pour autant que les mannequins marocains roulent sur l’or. Que ce soit pour un défilé ou un shooting, les cachets restent assez modestes. Les mannequins s’organisent comme elles peuvent pour fixer un seuil minimal. “Avec d’autres collègues, nous nous sommes mis d’accord pour refuser toute offre inférieure à 3000 DH”, confie-t-elle. Mais l’importance de l’évènement peut changer la donne. Pour Caftan, considéré comme étant le plus important – et le plus rentable – évènement au Maroc, rares sont les Marocaines qui y défilent. Mais pour les plus chanceuses, elles peuvent percevoir jusqu’à 14 000 DH pour leur prestation. Quant aux photos de mode dans la presse féminine, la fourchette des prix se situe entre 1500 et 2000 DH la série mode et de 4000 DH si la série inclut une photo de couverture.
Néanmoins, les agences spécialisées ne se contentent pas de ces tarifs. Leurs factures sont gonflées de charges annexes comme les superviseurs qui accompagnent les modèles ou la location de véhicules avec chauffeurs. Elles prélèvent également sur le cachet des mannequins une commission qui peut aller jusqu’à 50%. Un taux exorbitant qui pousse plusieurs modèles à éviter le circuit des agences et à s’improviser managers. “Les mannequins les plus prisés sont directement contactés par les stylistes. Quand un styliste m’appelle, je passe l’information aux collègues que je connais”, explique Ouidiane Larouz. En l’absence de toute réglementation, le mannequinat peine à trouver ses marques.
Hind Sahli. La star des podiums |