Bon, c’est fait. C’était angoissant, pénible, et maintenant ça va mieux. Lorsque des choses importantes se jouent, lorsqu’un destin s’écrit sous nos yeux, l’issue est toujours une délivrance, quelle qu’en soit la nature. Le futur s’annonce meilleur, c’est une évidence – il faut se forcer pour y croire un petit peu. Après des semaines de contestation populaire, de fausses promesses et de polémiques diverses, le Raja a gagné son troisième match de la saison. Zakaria Boualem respire. L’essentiel étant acquis, il peut désormais se concentrer sur les détails de la vie publique. Oui oui, certains n’hésitent pas à solliciter l’avis du Guercifi concernant les élections. Par quelle étrange succession de dramatiques malentendus en est-on arrivé à considérer qu’il avait un avis pertinent sur ce type de sujet ? Il n’en a aucun, je vous préviens tout de suite, juste une série de questions que je m’en vais vous lister sans plus attendre, et merci.
Question 1 : Zakaria Boualem est tombé ce dimanche sur une extraordinaire émission de Medi1TV qui a longuement donné la parole aux membres du vingt février. Il a été surpris de découvrir qu’ils existaient encore. Depuis le temps qu’il lit un peu partout que ce mouvement se réduit “comme peau de chagrin”, qu’il a été dissous dans le doustour et la démocratie triomphante, ils devraient logiquement être aussi nombreux que les supporters du FUS. Or non, ils sont là et ils parlent. La question est : pourquoi, soudain, leur donner la parole ?
Question 2 : Zakaria Boualem a entendu une chaîne française parler de taux de forte mobilisation aux élections. Pour le même taux de 45% lors des cantonales françaises, ils étaient unanimes à s’inquiéter du désintérêt pour la chose politique. Conclusion : comme pour les droits de l’homme, l’analyse politique inclut un facteur bougnoule quelque part. Quelqu’un a la formule ?
Question 3 : Il paraît qu’on aurait pu avoir le Dr El Othmani comme chef de notre gouvernement. Inutile de préciser que Zakaria Boualem aurait été très heureux de trouver un psychiatre à la tête de blad skyzo, il aurait même pris ça comme une sorte de consécration personnelle. Passons. Il paraît aussi que les héros de l’USFP auraient refusé une alliance avec le PJD parce qu’ils n’étaient pas d’accord sur les personnalités à nommer aux ministères. Les mystères de la botolitique sont décidément incompréhensibles. La seule chose qui empêche la gauche de s’allier aux conservateurs, ce n’est pas l’idéologie, ni le programme économique, pas du tout. Ce sont les noms des ministres. Voici le dialogue :
• On peut bosser ensemble si vous voulez, nous ne sommes pas très éloignés…
• Ok, pas de problèmes, on prend Abdoulqouddous aux Affaires étrangères.
• Non, pas Abdoulqouddous, je veux y aller moi.
• Euhh, toi non c’est pas possible, on t’a déjà un peu trop vu.
• Quoi ! Dans ce cas nous serons dans l’opposition, moi et Abdoulqouddous. Nous n’avons rien en commun avec vous !
Nous sommes donc devant une posture politique très classique chez nous, celle du magueuliste. Le magueulisme est un concept puissant représenté au parlement par le noble Kouba, qui avait jugé pertinent de balancer une lettre au roi pour un problème concernant sa fille. Apparemment, il n’est pas le seul… D’où la question : qu’avons-nous fait pour mériter ça ?
Avant de rendre l’antenne, Zakaria Boualem souhaite exprimer sa satisfaction. Cet homme vieillissant a découvert récemment sur les réseaux sociaux une nouvelle génération de militants. Des très jeunes gens, bardés de diplômes qui se présentent modestement comme des leaders ou, mieux encore, des influenceurs. C’est formidable, nous sommes sauvés. En général, on est déclaré influenceur lorsqu’un nombre important de gens se déclarent influencés par vous. C’est en quelque sorte une nomination ascendante. Chez nous, pas du tout, et c’est bien compréhensible : dans un pays qui a du mal à reconnaître la qualité, il vaut mieux se la reconnaître tout seul. Zakaria Boualem peut aller prendre sa retraite tranquillement, et merci.